La gestion des conflits et des épreuves est pour certains couples une source de consultation en sexothérapie. Voici un aperçu de ces difficultés.
La vie apporte son lot de difficultés et d’épreuves qui vient frapper les personnes comme les couples. Les préoccupations parentales, professionnelles, familiales, financières, médicales, la maladie, les échecs, le handicap, la perte et tous les deuils, chacun fera face au mieux de ses propres moyens et capacités pour affronter l’adversité, surmonter la douleur. Nous ne sommes pas égaux dans les défis à relever. Du revers à la catastrophe, certains disposent de ressources et d’expérience pour gérer la situation et d’autres en sont dépourvus. Nous ne réagissons pas à l’identique face au malheur et à ses effets sur soi.
Votre couple est-il solide face aux conflits?
Tout ce qui heurte un couple et ses membres frappe comme un coup de bélier et vient éprouver la robustesse du lien. Un couple solide dans lequel la qualité de la relation, la confiance et la force du lien sont co-construites, réelles et éprouvées pourra être un soutien fort et précieux pour ses acteurs. Un couple fragile, dans lequel la communication est faible ou réduite aux objets avec des individus déjà vulnérables, risque de ne pas pouvoir faire face aux impondérables et autres incidents.
Mais il y a des drames comme la maladie grave ou la perte d’un enfant, ou encore l’impossibilité de concevoir, dont il est très difficile de se remettre et qui abîment tellement le couple que souvent, il ne s’en relève pas. Du moins pas sans une aide extérieure pour lui-même et pour les membres qui le composent. Bien évidemment, la sexualité est l’un des premiers espaces affecté par les épreuves, souvent par la désertion, la tête et le cœur n’étant pas vraiment dans l’ouverture à «la fête». Et pourtant, cela pourrait permettre à ces deux êtres de retrouver une connexion et les aider à traverser la souffrance. La consultation en sexothérapie apporte de la clarté et des solutions propres à chacun.
Les conflits du couple
Les conflits et les désaccords sont inévitables dans la relation. Les événements de la vie vont éprouver tant les personnes que le couple. Et la façon de gérer les choses, pour chacun, à l’aune de sa propre histoire, pourra se télescoper avec celle de l’autre. On dit entre thérapeutes qu’un couple n’existe qu’à partir de sa première crise. Un certain nombre de conflits est insoluble. L’intelligence du couple et la somme de tous les ajustements et accordages précédents lui permettront de négocier afin de trouver un mode moyen qui l’aidera à continuer à naviguer et à avancer. Sans méconnaître l’impact de ces heurts sur l’intimité et donc sur la sexualité.
Le terme « conflit », dans notre approche centrée sur la relation, va du désaccord à la guerre. Or, on peut en vivre fréquemment des désaccords, cela est inhérent à la singularité et à la complexité de la relation. Et on peut se ré-accorder. En revanche, lorsqu’on en est arrivé à la guerre, la seule issue semble bien souvent la séparation. Il y a le désaccord et son objet. Le conflit étant la manière dont on tente de résoudre ce qui oppose, divise, sépare, à savoir l’objet.
La plupart des conflits sont insolubles en tant que tels. Cela signifie qu’il n’y a pas de solution rationnelle pour les résoudre. Ni que l’on puisse régler ledit conflit par l’imposition de la volonté, de l’autorité. Comme tout ce qui concerne la vie du couple, c’est dans la danse de l’accordage que l’objet de désaccord sera regardé, accepté, plus ou moins toléré, modifié ou rejeté.
La racine des conflits
Indépendamment de l’objet, un certain nombre de conflits vient, d’une part, de nos névroses, de nos blessures et de notre système de référence et, d’autre part, de ce que l’on imagine, projette et interprète sans vérifier la réalité de l’autre. Bien des discussions désagréables seraient évitées si l’on demandait à l’autre ce qu’il se passe pour lui. L’interprétation conduit dans la majorité des cas à l’erreur car nous ne sommes pas l’autre. Même si cela fait des années que nous vivons ensemble, nous avons toujours une chance de nous tromper. Qu’est-ce qui fait que nous ne vérifions pas? Qu’est-ce qui est à craindre alors que c’est la personne avec qui nous avons choisi de vivre? Nous ne faisons qu’altérer la relation car projeter et interpréter nous conduit dans une escalade, une surenchère pour confirmer notre point de vue sur l’autre et ses actes, sans nous remettre en question ni prendre la responsabilité de ce que nous imaginons avec le seul filtre de notre propre histoire. Dans ce mécanisme, l’autre n’existe pas, nous restons perdu dans notre imaginaire.
Résoudre les conflits dans le couple
Résoudre un conflit revient donc à prendre du recul et à regarder ce qui se passe. À savoir l’objet réel du conflit et non le détail apparent qui met le feu aux poudres. Oui, le diable se cache dans les détails. Oui, le petit grain de sable qui grippe tout le mécanisme est très souvent révélateur de problèmes bien plus profonds. Ces derniers étant encore une fois issus de nos névroses et de nos craintes dans le lien. Notamment la peur de ne pas être aimé pour qui l’on est, la peur d’être rejeté, abandonné.
La résolution des conflits nécessite souvent la présence d’un tiers (thérapeute, médiateur) pour apaiser, contenir et sécuriser les échanges, notamment lorsque l’un des membres – ou les deux – est pris dans une forte intensité émotionnelle. La priorité sera de rétablir la communication ou au moins d’en apprendre les bases pour pouvoir s’écouter et s’entendre, apprendre à s’autoréguler.
Certains couples aiment les conflits!
Il y a des couples qui entretiennent les conflits, et l’intensité émotionnelle que cela génère, car ils y trouvent une source de vitalité. Mais à la longue, cette forme de relation fatigue, use chacun et abîme la relation. A contrario, un couple qui n’a pas de conflit est inquiétant. C’est probablement qu’il y a des non-dits, des pacifications prématurées ou inopportunes. Faire l’impasse sur des besoins non exprimables ou non exprimés risque un jour ou l’autre de faire exploser toute l’œuvre. Quelles que soient les raisons du silence, tout ce qui n’est pas exprimé s’imprime, et à un moment, la pression deviendra intenable et l’on va payer la facture (déprime, dépression, anxiété, somatisation…).
Souvent, ce sont les enfants qui font office de fusible. Vous conviendrez que cela n’est absolument pas juste pour eux.
Faut-il se taire face aux conflits?
Le silence mutique est la plus grande des violences. Il déclenche une mentalisation, un imaginaire d’hypothèses très vaste que la personne en attente de paroles pour remplir les blancs, pour tenter de comprendre, de trouver du sens, avec ses propres interprétations, va retourner contre elle. Ainsi, elle met en branle sa propre paranoïa, tout ce que son processus de dévalorisation va lui chuchoter, lui dicter. Certes, elle s’inflige cela, mais l’autre ne l’aide pas à faire autrement. Le silence mutique est vécu comme un manque cruel de considération. Il engendre une violence en retour par les attaques et harcèlement pour avoir des bribes d’informations et un contact, a minima.
Beaucoup d’hommes ont cru ou croient encore qu’en se taisant ils auront la paix. C’est une erreur, la femme ne supporte pas de ne pouvoir évoquer ce qui fait difficulté. À moins qu’elle-même ne soit une adepte du mutisme. Point de jugement ici. Pendant des siècles, les hommes ont dû taire leurs émotions et depuis, on ne leur a pas appris qu’ils pouvaient mettre des mots dessus afin de les communiquer à l’autre et, ainsi, réduire la pression interne énorme de la retenue. On ne leur a pas donné de lexique pour formuler ce qui se passe en eux, ces sensations, ces émotions qui surgissent et parfois débordent et ils sont dépourvus de mots pour traduire ces mouvements intérieurs. D’autres, hommes et femmes, sont issus de familles où les mots, la communication intime n’existent pas et où les conflits sont «résolus» à coup de violence verbale ou physique.
Apprendre à ressentir et s’exprimer
Pour pouvoir communiquer avec l’autre et, par la suite, aborder ce qui fait conflit, il faut d’abord sentir ce qui se passe en soi, puis nommer à l’autre son ressenti (ce qui se passe pour soi à l’occasion de tel événement). Malheureusement, cela n’est pas au programme de l’Éducation nationale… Lorsque l’on reproche quelque chose à notre partenaire, il peut être intéressant de voir ce qui se passe réellement. Est-ce une vieille histoire personnelle qui est réactivée, une tension dans la relation non exprimée, un ancien conflit non résolu?
Si c’est quelque chose que vous avez toléré jusqu’ici, qu’est-ce qui fait que cela devienne insupportable? Qu’est-ce qui vous a donné la capacité ou la possibilité de l’exprimer maintenant ?
La résolution à votre couple commence par vous!
Les objets de conflits de couples sont souvent des terrains où sont réactivées de vieilles blessures non cicatrisées (estime de soi), des valeurs égratignées, des visions du monde différentes non partagées… et sont des occasions de faire le tri:
- Qu’est-ce qui vient de notre relation, au présent?
- Qu’est-ce qui vient de ma propre histoire?Sortez de l’illusion que tous les conflits peuvent se résoudre! Votre capacité à co-créer et vivre un couple sain et durable dépend de votre capacité à gérer les désaccords et donc de la qualité de votre relation et de votre communication! Prenez la responsabilité de votre histoire personnelle pour éviter de la faire porter à l’autre.
Extrait de Le couple, l’intimité et la sexualité de Carlotta Munier aux Editions du Souffle d’Or
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