Le phénomène d’addiction, ou de dépendance au sexe est un comportement pathologique irrépressible qui seul conduit à une forme de plaisir. L’individu, perdant le contrôle de lui-même (c’est plus fort que lui) en reconnaît les conséquences négatives sur lui-même et son environnement. C’est un sujet qui reste complexe à comprendre à l’instar de la sexualité humaine en elle-même.
Selon Florence Sandis et Jean-Benoît Dumonteix, la dépendance au sexe se résume ainsi ( Les Sex Addicts, quand le sexe devient une drogue dure, Hors Collection, 2013):
- « c’est une maladie du comportement,
- une source de souffrance (physique ou psychique),
- elle est caractérisée par l’incapacité de renoncer à un comportement sexuel,
- elle exclut l’autre en tant que personne pour le transformer en objet sexuel ».
Une parade au mal-être
Le phénomène d’addiction est un processus qui permet à l’individu de trouver une parade plus ou moins saine à son angoisse, son stress. C’est pour lui ou elle un subterfuge qui va lui devenir indispensable pour continuer de vivre comme un funambule. En effet, il ou elle doit trouver l’équilibre entre sa part de lumière (être socialement inséré) et sa part d’ombre qui prend davantage de place (être qui se cache, se retire du monde). Pourtant, cette voie qu’a empruntée la personne pour tenter de gérer sa psyché et ses pulsions va devenir de plus en plus compulsive car elle est elle-même génératrice d’angoisse. C’est alors qu’un cercle vicieux s’installe. L’angoisse conduit au comportement d’apaisement fugace et socialement inadéquat qui, devenant incontournable et incontrôlable, génère une nouvelle angoisse. Le sujet perd alors la maîtrise de lui-même ou d’elle-même et de ses actes. Cette tentative de régulation – car c’est bien de cela qu’il s’agit – devient un cercle intenable et infernal.
Une conjonction de facteurs
Tout le monde ne devient pas addict, loin s’en faut. Le phénomène de dépendance chez un individu, qu’elle soit au tabac, à l’alcool, au jeu, à la drogue ou au sexe est issu d’une conjonction de plusieurs facteurs :
- un terrain favorable (angoisse de fond, enfance maltraitée, traumatismes, honte, culpabilité, frustration, manque…) ;
- un accès facile au produit et donc au « bien-être » qui découle de sa consommation : sensation de récompense, d’apaisement, de shoot (endorphine déclenchée par l’orgasme ou drogue). Son cortège indissociable d’émotions ou ressentis négatifs le poussent à recommencer ;
- enfin, un environnement « favorable », souvent marginal (groupes sociaux ou d’appartenance, ou solitude).
Dans le cas de l’addiction au sexe, l’environnement social « favorable », sera davantage la solitude qui laisse l’être livré à lui-même ou elle-même et à son combat contre ses démons intérieurs.
Comment sortir de l’addiction au sexe?
Il y aurait à retourner dans la construction de l’identité de l’être, de son développement affectif et psychosexuel et de sa psyché pour tenter d’en trouver les racines et les traiter pour s’en sortir. Une condition expresse sera d’arrêt total, le sevrage de la pratique. Chacun pouvant imaginer la difficulté et la souffrance qui résident dans le processus même du sevrage.
Carlotta Munier extrait de Sexualité masculine : puissance et vulnérabilité aux éditions du Souffle d’Or
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