L’érection est elle toujours associée au désir chez l’homme ? Ne serais-ce pas une vision un peu simpliste de la réalité?
La testostérone est l’hormone de la conquête et du désir, et les hommes en sont bien plus pourvus que les femmes (qui en sécrètent aussi dans une moindre proportion). Mais faut-il pour autant mettre cette dynamique vivante et vitale qu’est le désir en lien systématique avec le taux de testostérone ? Pas complètement car à l’instar du désir féminin, le désir masculin est tout aussi complexe, parce que l’homme est… humain. Mais rappelons-nous que son cerveau est baigné dès sa maturation intra-utérine de cette fameuse hormone sécrétée par ses testicules. Celle-ci lui permettra, au moment de l’adolescence, de développer les caractères sexuels secondaires ainsi que sa masse musculaire et sa force.
Le désir se montre souvent par une érection
La morphologie de l’homme est émissive. L’homme est donc l’incarnation du mouvement d’aller vers l’autre. Certes, ses hormones le poussent et le soutiennent dans ce phénomène qui est un mouvement naturel de tout être humain partant à la conquête de son environnement, de la vie et des autres. Son désir est donc d’aller à la rencontre de l’autre, des autres, de partenaires pour agir, conquérir, féconder, rien de moins que le monde. N’est-ce pas ce qu’il a fait quand il est parti à la conquête de l’espace ?
Lorsque tout va bien, le désir de l’homme est manifesté par son érection. C’est pourquoi, avant même d’avoir pris conscience d’un « objet » de désir dans l’environnement, son corps et son sexe l’ont déjà détecté et se manifestent. L’information est parvenue au cerveau limbique qui commande la sécrétion de neurotransmetteurs présidant à l’érection avant même que le cortex en soit averti. Cette information, chez l’homme, est souvent à caractère visuel puis tactile. Les femmes étant davantage auditives, olfactives et kinesthésiques. L’homme repère donc dans son entourage une personne qui va déclencher une cascade de réactions en chaîne dans son corps. Il pourra alors décider s’il y a lieu de se rapprocher ou non en fonction du contexte.
La honte du désir
Parfois, certains hommes peuvent avoir honte de leur désir manifesté par des érections non souhaitées et devenant gênantes (car visibles). D’autres se vivront coupables d’avoir du désir, voire coupable de désirer toutes les femmes (notamment lorsqu’ils sont en couple).
« J’ai longtemps culpabilisé de désirer d’autres femmes, d’autant plus lorsque j’étais marié et que, mon épouse ayant des problèmes de poids, je ne ressentais plus de désir pour elle, voire du dégoût parfois. Le Tantra m’a permis de faire la paix avec mon désir, en acceptant qu’il puisse exister sans pour autant le mettre en actes. » Jérôme
« Les hommes aiment avec les yeux ! Cela signifie que la plastique féminine, le corps des femmes les fascine, les érotise. Ils tombent amoureux d’un visage, d’un corps, d’une paire de seins ou de fesses, d’une cambrure. Si bien que dans une seule promenade à la cour d’une ville, ils peuvent être distraits, amoureux, désirants 10, 20, 100 fois. J’ai longtemps cru que j’étais anormal en cela. Que j’étais incapable d’aimer, d’aimer vraiment, au-delà des yeux, de cœur à cœur, d’aimer l’autre pour ce qu’il est et non pour ce qu’il paraît. » Étienne
« Non, je ne culpabilise pas (de désirer), je me sens vivant et c’est bon. Je ne désire pas toutes les femmes. Mais c’est bon quand ce désir vient ! » Gabriel
Oui, le désir est sain car il est d’abord un désir de vie, de vivant et de rencontre. C’est ce que l’on en fait qui importe.
Quand l’érection ne vient pas
Parfois, il y a désir mais, comme nous le verrons plus loin, le corps, le sexe ne répondent pas. C’est la panne. C’est là où nous irons investiguer car cet incident n’est pas forcément significatif d’un désir ou d’un manque de désir. Le désir au masculin est tout aussi multifactoriel et fragile que le désir au féminin. Il est encombré de doutes, de peurs, de stress, d’angoisses, de préoccupations qui soit le dissipent avant même qu’il soit ressenti, soit retiennent son émergence à la source même ou dès le début de sa manifestation. Et si un certain nombre d’hommes n’a pas besoin de relation pour désirer et agir sexuellement, beaucoup ont besoin d’être en relation intime et sécure pour pouvoir laisser s’exprimer cette dimension d’eux-mêmes. Et lorsque ce contexte relationnel est trouble ou difficile, le désir peut disparaître.
En résumé, désir et érection sont deux processus distincts et concomitants lorsque les conditions favorables sont réunies. Pour conclure, il est important de préciser que le désir a une dimension à la fois intra-personnelle liée à l’estime de soi, à la confiance en soi et en sa propre désirabilité ainsi qu’à l’état de santé physique et psychique. Il a également une forte dimension interpersonnelle car c’est vers un(e) autre qu’il s’oriente, avec tout le cortège historique de la relation, des relations passées, associées à des représentations, des expériences, des drames et dans un contexte plus ou moins favorable.
Extrait de La Sexualité masculine : puissance et vulnérabilité de Carlotta Munier aux Editions du Souffle d’Or
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