S’il est vrai que la reconquête du désir sexuel féminin appartient pour partie aux femmes, dans leur motivation et curiosité à se développer sur le plan sexuel, il est également vrai que certains hommes ont une part non négligeable dans cette alchimie… Mais que faire ?
Imaginons : un homme rentre chez lui vers 20 h. Fatigué et préoccupé par son activité professionnelle, il salue brièvement sa compagne, va se changer et enfile un vieux tee-shirt et un jogging. Il s’affale dans le canapé, devant un écran avec une bière ou un whisky et se laisse hypnotiser pour se délasser par cette fenêtre lumineuse, ou s’adonne pendant des heures à des jeux. Disons qu’il fait cela tous les soirs. Cet homme vous paraît-il désirable ?
Certes, nous sommes dans la caricature. Mais il est parfois « pédagogique » de faire appel à ce genre de stéréotype pour alerter certains hommes sur leur propre responsabilité quant à leur désirabilité et les femmes sur leur acceptation ou leur résignation face à ce type de scénario.
Un homme qui se laisse aller, se néglige, ne prend pas soin de lui et reste débraillé est, de fait, peu séduisant. Un homme qui rentre épuisé de sa journée et passe sa soirée au téléphone ou sur son ordinateur, délaissant d’une certaine manière sa compagne (même si ce n’est pas son intention) ne peut croire que sa femme va être disponible sexuellement, immédiatement dès qu’il aura éteint son portable…
Réveiller l’admiration
Les femmes ont autant besoin d’être admirées que d’admirer leur homme. Elles sont sensibles à l’esthétique, aux vêtements, à l’attitude, aux gestes, aux paroles, aux regards, à l’hygiène, aux attentions de l’homme. Il est ici important de signaler que l’homme a pareillement autant besoin d’être regardé et désiré. En « perpétuel » doute d’elles-mêmes, en particulier dans cette démarche de retrouver leur désir, les femmes sont très attentives à tout ce qui peut les revaloriser. Notamment, à l’attention que leur porte leur compagnon.
La sexualité se joue à deux, chacun a sa part de responsabilité. Il incombe à la femme de s’assumer davantage sur ce plan, à commencer, en premier lieu, par se rendre désirable à ses propres yeux. Celle qui se laisse aller et se néglige, ne rend pas hommage à sa féminité, à son potentiel érotique et à sa capacité à désirer. Tout autant, il incombe à l’homme de rester vigilant de sa propre personne et de l’image qu’il donne à voir de lui-même dans la relation. Aux deux de cultiver l’érotisme au quotidien.
Lui montrer que vous la regardez
J’invite le partenaire à entretenir sa capacité de séduire, à conquérir, à regarder sa compagne et lui exprimer sincèrement qu’elle est belle et désirable, à lui montrer qu’elle lui plaît. Cultiver de petites attentions et les compliments est nécessaire pour pérenniser le désir dans le couple. Le désir est déjà tellement mystérieux et soumis à tant d’aléas qu’il convient d’en prendre soin, ensemble.
La femme en difficulté avec son corps et sa sexualité a davantage besoin d’être soutenue et de retrouver chez son compagnon ce qui l’a fait vibrer plutôt que d’être délaissée, accusée ou acculée.
Dans le monde animal et chez nombre d’espèces, c’est le mâle qui se pare de couleurs, module ses chants et joue de parades nuptiales pour séduire sa belle. Il est étonnant chez les humains, que ce soit des femmes que l’on exige tant de soin à leurs tenues, maquillage, lingerie… Il est important que les hommes, du moins certains, puissent entendre qu’il ne leur suffit pas d’avoir du désir pour leur compagne pour se rendre désirables et que la chose serait entendue… Définitivement. Non, rien n’est jamais acquis, la femme apprécie d’être conquise et il me semble que tout ce qui est important vaut bien quelques efforts.
Prendre rendez-vous avec son couple
Une plainte revient régulièrement de la part des femmes : « Il a plus souvent envie que moi et il aimerait que je vienne à sa rencontre ». Si l’homme a du désir, c’est bon signe. Mais s’il le montre et l’exprime, c’est encore mieux. S’il attend que sa femme vienne à sa rencontre (alors qu’elle-même peut éprouver des difficultés), il peut lui nommer. Mais que fait-il pour initier le désir de sa compagne ? Que fait-il pour dégager du temps pour le couple ? Quand l’écoute-t-il ? La regarde-t-il, lui sourit-il, lui accorde-t-il de l’attention? Quand lui fait-il des surprises ? Se fait-il beau, porte-t-il des sous-vêtements sexy ? Ouvre-t-il une bouteille de champagne, l’emmène-t-il au restaurant (et pas pour parler de leurs soucis) ? Lui caresse- t-il tout simplement le bras, l’épaule, la joue en passant près d’elle ?
La femme en perte de désir est fragile. Elle se remet sans cesse en question, ne sait plus que faire. Elle évite les rencontres sexuelles, doute de son potentiel érotique, craint d’être trompée… Elle a autant besoin d’attention que de porter admiration à l’homme avec qui elle vit, pour se rassurer, se retrouver elle-même, et dans la relation, afin d’ouvrir à nouveau son cœur et son être à son amoureux.
Et un homme qui s’entretient, prend soin de lui, se fait beau et reste séduisant comme séducteur, tient compte des suggestions ou propositions de sa compagne, lui montre ainsi qu’elle est inestimable pour lui et que leur sexualité et leur intimité sont importantes pour lui.
À la femme de prendre sa responsabilité de cheminer pour faire renaître, émerger et vivre le désir. À l’homme d’attiser ce désir chez sa compagne en apprenant à l’approcher et la toucher (à condition qu’elle puisse elle-même le guider) et en évitant d’être trop direct.
Oser dire
Par conséquent, lorsque j’accompagne certaines femmes dans une démarche de responsabilité et d’autonomie – quant à leur sexualité, leur désir, et leur plaisir –, je les invite à oser dire à leur homme ce qui ne leur va pas. Nommer ce qu’elles souhaitent, pour le rendre plus attractif et beau à leurs yeux, dans la tendresse et la complicité, sans exigences ni reproches (les hommes ont horreur de cela et je les comprends). Exprimer ce qui les excite et nourrit leur imaginaire érotique et entretenir, avec lui, l’érotisme au quotidien. Car l’entente sexuelle est une coresponsabilité, dans l’intimité partagée, et donc issue d’ajustements mutuels réguliers. Cela demande parfois des efforts et surtout, d’oser en parler, de communiquer.
À noter que je n’ai aucune intention de juger les hommes et que mon propos n’est pas féministe. Je lance simplement une invitation à se regarder faire, à s’interroger, chacun et chacune sur sa part, ses envies, ses désirs avec la personne que l’on aime, avec qui l’on a choisi de vivre, avec humilité, sincérité et tendresse.
Extrait de Sexualité féminine : vers une intimité épanouie de Carlotta Munier aux éditions du Souffle d’Or
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