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Un enfant victime d’un abus sexuel est une victime ! Et en aucun cas responsable de ce qui lui est arrivé ! Même s’il a eu du plaisir.


Une effraction !

Il lui a été volé ce qu’il avait de plus précieux : son innocence et son intimité. Les connexions neuronales en construction sont perturbées, voire rompues. Comment retrouver un chemin sain ?

À une demande d’amour, naturelle et spontanée, cet enfant a reçu une réponse sexuelle !!! C’est une effraction dans son corps et dans sa psyché totalement ingérable. Amour, haine et terreur sont ainsi indissociablement mêlés dans le corps, dans l’être. L’enfant a été envahi par la génitalité de l’adulte alors qu’il est en totale incapacité de donner son consentement. Comment le pourrait-il ? Il n’a aucune idée de ce qui se passe. C’est tellement insupportable et intolérable que, souvent, il oubliera ce traumatisme mais cela imprégnera toute sa vie, tous ses jeux, tous ses besoins, toutes ses relations.

 


Des conséquences graves

« L’horreur de ces événements a des conséquences graves sur le développement psychoaffectif et sexuel de la personne. Confusion, problématique de place, désappropriation corporelle, destruction de l’imaginaire érotique, enfermement, solitude, silence, anorexie, boulimie, dépression, suicide. C’est toute une vie qui est détruite à sa source et au cœur de l’être.
L’inceste, l’abus sexuel, le viol sont bien plus fréquents que l’on n’ose l’imaginer. Et si aujourd’hui cela semble être une réalité reconnue, elle l’est parce qu’on en parle et que des lois ont été créées pour condamner ces violences. Mais cela existe depuis toujours. Les enfants et les femmes ont toujours été victimes de violence sexuelle. C’est la médiatisation de ces crimes et délits qui a amené le législateur à promouvoir des lois. Et si la condamnation de ces actes est réelle, elle est encore trop rare. » Extrait de « Sexualité féminine : vers une intimité épanouie » Carlotta Munier aux éditions du Souffle d’Or.

 


*Un traumatisme toujours agissant

Par un mécanisme de survie, l’organisme qui vit un traumatisme, entre dans un état de stress immense et ingérable, mettant en péril sa propre survie. C’est alors que l’amygdale « disjoncte », elle cesse de fonctionner, de traiter l’information. Ce faisant, la situation (et ses protagonistes) n’est pas gérée sur le plan sensoriel, émotionnel ni cognitif et est enfermée dans un espace clos, inaccessible, comme une boucle, une mémoire traumatique qui est « oubliée » mais toujours agissante. Ce mécanisme complexe mais nécessaire, s’il a permis la survie de l’individu, le contraint à vivre une vie tronquée, dans laquelle il manque des morceaux, mais envahie de fantômes (pensées parasites, flash, somatisations, pulsions, comportements à risques, etc). Tout cet être, de quelque manière que ce soit, tente d’exprimer ce qui réside tout au fond de lui. Il va alors développer une façon d’être au monde altérée, autour de l’absence, l’oubli d’événements majeurs d’une part et par-dessus cette amnésie-même d’autre part. Ainsi toutes ses relations, ses comportements, ses croyances, ses actes, ses représentations, son imaginaire, ses pensées, ses cognitions et surtout ses sensations, ses ressentis et ses émotions vont être issus de ce « trou noir ». Et toutes les tentatives de remémorations seront mises en échec par d’autres comportements souvent destructeurs visant à ne pas sentir, réveiller ce monstre tapis.

 


Un accompagnement spécifique

Un tableau complexe pour des êtres souvent en grande difficulté relationnelle, parfois sociale ou professionnelle, sexuelle et toujours intime. L’accompagnement de ces personnes lorsqu’elles viennent consulter est sensible, délicat et demande une présence forte mais sans sensibilité ni empathie excessives. Le processus de résilience peut être long et semé d’embuches, de renoncements, de doutes (surtout de doutes), d’attaques, de revirements, de séduction, etc… C’est alors que le narcissisme du thérapeute doit être suffisamment solide car il risque d’être mis à rude épreuve. La confiance se méritera alors que la moindre bienveillance sera suspecte. Une alliance fragile qui sera le terreau de retour progressif dans le monde des vivants de ces êtres dépossédés de ce qu’ils ont eu de plus précieux leur innocence.

 Carlotta Munier