L’acte sexuel ramène toujours l’homme à qui il est, un homme, un mâle. Pas d’érection, pas d’acte sexuel. L’homme en est terriblement affecté et contaminera plusieurs plans : identitaire, social, psychologique, sanitaire.
L’érection est un phénomène réflexe, elle n’est pas volontaire. Elle survient à la suite d’une cascade de réactions neurochimiques et hormonales, elles-mêmes déclenchées par des stimuli internes (fantasme, imagerie, souvenirs) ou externes (présence, contact, caresses, regards…).
Lorsque tout va bien, que les stimuli sont suffisants et sont correctement interprétés, la biologie suit. Mais cette merveilleuse «mécanique» reste fragile. Sa physiologie, fine et complexe. La fatigue, le stress, l’anxiété, les préoccupations, les doutes, les questions, les angoisses, le surcroît de travail, le non-respect de ses propres rythmes, les tensions dans le couple, l’alcool, le tabac, le cannabis, des traitements médi- caux… Tous ces facteurs influencent la libido et l’érection.
Plus l’homme se dit « il faut que j’y arrive » – au nom de quoi, quelle croyance, projection, projet… ? –, plus cela génère des tensions et du stress et moins cela va fonctionner. Le stress provoque une sécrétion d’adrénaline et de noradrénaline qui va contrecarrer les réactions favorisant l’érection. Plus l’homme craint la panne, plus il se tend et plus cela produit ce qu’il redoute : la panne.
Dans un autre ordre d’idées, l’homme qui a du désir mais pas d’érection n’est probablement pas pleinement en contact avec son corps, ses désirs et ses besoins. Il y a des chances qu’on le retrouve dans sa tête, avec sa volonté, son contrôle et tendu vers un objectif… dans le futur donc, c’est-à-dire ni au présent, ni en lui-même.
L’homme qui a une panne – et si celle-ci se répète – le vit très mal. Détresse, évitement, déprime, honte…
Quelques témoignages
« Oui, tout cela, et baisse de l’estime de moi, mais ayant eu la chance d’être initié très vite aux délices des caresses manuelles et buccales, le plan B en cas de panne est tout trouvé. Une confidence : Quelques mois après ma rupture avec ma compagne durant 25 ans, je démarre une nouvelle relation. Et là, dans notre premier week-end amoureux, panne d’érection ! Étonné mais pas plus inquiet que cela, je file voir une médecin inconnue, qui me prescrit un équivalent “Viagra®” ! Du coup, tant bien que mal, avec l’humour et l’accueil de ma nouvelle relation, nous allons enfin réussir à… nous connecter. En deux mots, un quasi-fiasco sexuel, mais un événement fondateur de notre relation future, un dialogue joyeux.» Gabriel
« Pendant la plus grande partie de ma vie, très mal, d’autant qu’elles furent et sont toujours nombreuses ! Et tous les adjec- tifs négatifs ci-dessus conviennent pour décrire ce que je vivais. Honte, repli, impossibilité de communiquer, dévalorisation, haine de soi, culpabilité. Aujourd’hui, il y a de la tranquillité en effet, cela ne me coupe plus de la relation, et me permet de poursuivre les jeux sexuels autrement, sans me sentir illégi- time et sans perdre tout intérêt à poursuivre ces jeux intimes. Je ne sais pas comment s’est installée cette légèreté, le travail personnel bien sûr, mais la qualité de la relation intime est vraiment primordiale. » Thierry
… Ou tranquillité, légèreté
« Le malaise que je ressens en cas de panne n’est pas égocentré, il s’agit surtout d’une inquiétude que l’autre ne se sente pas désirable ou désiré. Il peut y avoir de l’agacement envers moi- même si cela se produit mais dans l’ensemble, j’essaie de rester dans la légèreté, tant pis, ça reviendra. » Jérôme
L’homme doit donc apprendre à quitter sa tête et ses injonctions (performance, objectif, résultat), et à revenir à son corps, à respirer, à se détendre, à entrer et à rester dans ses sensations.
S’il n’y a pas de désir, il n’y a pas d’érection
Le désir et le plaisir anticipé déclenchent une sécrétion de dopamine dans le cerveau qui préside à toutes les réactions neurochimiques et hormonales qui en découlent. C’est le neurotransmetteur principal du désir et du plaisir. Pas de désir, pas de dopamine, pas d’érection. Mais la dopamine n’est pas la seule molécule en cause dans cette physiologie. Un autre médiateur, le monoxyde d’azote est également essentiel à la tenue de l’érection. Instable et ne pouvant être stocké, sa sécrétion a besoin d’être entretenue, c’est la raison pour laquelle les stimuli doivent continuer à arriver. S’il n’y a plus de stimuli, la sécrétion s’arrête et l’érection retombe. De plus, ce monoxyde d’azote (NO) est très lié à la présence d’oxygène dans le sang. Un sang pauvre en globules rouges ou O2 pourra conduire à des défaillances d’érection. Par extension, toute la circulation sanguine est entièrement engagée dans le processus.
Et les médicaments ?
Il me semble important de signaler ici que les médicaments (IPDE5) tels que le Viagra®, Levitra®, Cialis®, Spedra® sont totalement sans effet si le désir n’est pas là… car leur action intervient bien en aval de la sécrétion de dopamine dont toute la physiologie dépend. La prescription de tel ou tel médicament dépend de la situation du demandeur. Par exemple, le Viagra® sera plus approprié pour des rencontres occasionnelles et le Cialis® pour une relation de couple.
Ces traitements se font sur prescription médicale (risques pour les hommes ayant des troubles cardiaques). Et, même si leur coût reste relativement élevé, je vous enjoins de ne jamais commander en ligne. La contrefaçon (lucrative) de la pilule bleue est réelle et dangereuse, le principe actif étant souvent sous ou mal dosé et assorti de substances nocives, voire dévastatrices (verre pilé pour l’effet brillant).
Ces traitements ne sont pas sans risques (effets secondaires) et pas adaptés pour tous. Ils ne sont pas davantage une « cure » de jouvence, paravent d’une crainte du vieillissement, de la baisse de la performance, du désir qui conduit au désarroi. En revanche, ils peuvent être une excellente béquille (à usage à court, moyen terme) pour permettre à l’homme de retrouver sa confiance en lui et en ses capacités. Parallèlement, il pourra se faire accompagner pour retrouver toute son autonomie sexuelle.
La panne d’érection c’est normal
Aucun homme n’étant une machine, il y a parfois des moments où la fatigue, le stress, les préoccupations, des mésententes relationnelles peuvent empêcher l’homme de se détendre, d’être pleinement présent à lui-même et à la situation.
En revanche, si les pannes persistent et deviennent récurrentes (sauf s’il y a maintien des érections nocturnes et matinales), il devient nécessaire de consulter. En effet, ce trouble peut être un trouble « sentinelle ». La physiologie érectile étant fine et complètement dépendante de l’état de santé de l’homme, notamment de sa circulation sanguine micro vasculaire, si cette dernière est altérée, elle pourra freiner, voire bloquer la survenue de l’érection. C’est un signal important car il peut présager de troubles cardio-vasculaires à venir.
Il peut y avoir de multiples causes à des difficultés d’érection : organiques, psychologiques, mixtes. Si le trouble persiste, il est nécessaire de consulter. À préciser que si l’homme a des érections nocturnes et masturbatoires, la cause est psychologique. Si l’érection nocturne disparaît, la cause est organique.
Les trois types d’érection
L’homme peut avoir trois types d’érection : les érections érotiques, les érections physiologiques et les érections réflexes.
Les érections érotiques sont soutenues par le désir et dépendent des stimuli internes et externes.
Les érections nocturnes sont purement physiologiques. En effet, lorsque le pénis est au repos, les muscles lisses qui le composent sont « contractés » et en manque d’oxygène. Il est nécessaire que ces muscles soient étirés et irrigués pour la bonne santé du pénis. Pour cela, la nature a prévu les érections nocturnes. Il en survient plusieurs fois par nuit et leur durée varie. Elles sont donc parfaitement saines et dépendent d’un bon sommeil. En revanche, elles ne sont absolument pas liées aux rêves érotiques. Il peut être intéressant de préciser cette information importante aux femmes qui peuvent imaginer que si leur homme bande pendant son sommeil, c’est qu’il fait un rêve érotique (ce qui est normal, sain et involontaire) ou qu’il fantasme, ou qu’il a du désir pour elle (ou une autre). Lorsque l’érection nocturne est affectée, toute l’anatomie du pénis peut, à terme, être endommagée.
Enfin, les érections réflexes ne dépendent ni du désir, ni des fantasmes, ni de la physiologie. Elles surviennent par réflexe nerveux, sans que l’homme ne l’ait souhaitée. Par exemple, suite à un frottement sur le vêtement. C’est l’érection du « pendu » ou qui s’obtient par auto-strangulation. De même, à expliquer aux femmes.
Quelques mots sur le priapisme. C’est ce qui se passe lorsque l’érection dure plusieurs heures (les causes en sont variées). Si d’aucuns ne pourraient en être fiers, cette tension permanente du sexe est dangereuse à terme. C’est une urgence médicale qui doit être prise en charge dans les quatre heures, car il y a un risque de lésion irréversible.
Extrait de Sexualité masculine : puissance et vulnérabilité de Carlotta Munier aux Éditions du Souffle d’Or
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