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Les hommes ont peur des contacts avec les hommes. Et pourtant, c’est parmi les hommes que l’on devient homme. 


La communauté des hommes

Dans un contact fraternel, chaleureux et sécurisant du similaire, l’homme peut prendre appui pour s’affirmer, s’autoriser, s’affranchir, exister. C’est également dans le partage sincère des expériences, des épreuves, des questionnements, des doutes, entre hommes qui vivent universellement les mêmes problématiques, que chacun peut trouver du soutien, de l’encouragement, de la compréhension de sa propre humanité et ainsi, oser être lui-même, au sein de la communauté des hommes et face aux femmes.

Cependant les contacts physiques (non sexuels) entre hommes : bises, accolades, embrassades – hors du monde sportif – sont encore très vite jugés inappropriés. Comme si le besoin vital de contact charnel de peau, de muscles, de force, de douceur, d’odeurs masculines, pouvait conduire inévitablement à un rapprochement génital. C’est une représentation et une forte crainte chez beaucoup d’hommes qui, ainsi, évitent des expériences essentielles et fondatrices. La proximité (et non promiscuité) masculine est une occasion de se construire en appui avec des alter ego qui partagent le même genre, les mêmes problèmes et les mêmes questionnements.


Qu’est-ce qu’un homme ?

Qu’est-ce qu’un homme sinon avant tout un être humain ? C’est un être doté d’un cerveau, d’un corps, d’une psyché, d’un cœur et d’un sexe masculin. C’est également un être issu de sa culture, de son environnement, de traditions, modelé par des représentations, des règles et des coutumes.
L’homme naît garçon et devient homme au fur et à mesure de ses expériences, de ses relations, des épreuves, de questionnements. Complexe et singulier, chaque homme est le produit de son histoire et de son environnement. Il fait des choix et vérifie sans cesse que ces choix sont justes ou inadaptés pour lui, pour les autres. Il tâtonne, doute, craint, expérimente, assimile et grandit.
Ainsi, il se (re)crée sans cesse tout en entérinant les valeurs masculines et féminines qui le fondent, en remettant en question ses représentations devenues obsolètes et modifiant ses comportements au sein d’un environnement sociétal mouvant et insécure, perturbé par la place et les rôles qu’ont revendiqués les femmes.


Des groupes d’hommes, enfin !

Fort heureusement, aujourd’hui il existe des groupes d’hommes. Des groupes de parole, des groupes de thérapie, des groupes de soutien où chacun peut se dévoiler et se livrer en toute sécurité et faire ainsi l’expérience d’être accueilli pleinement, tel quel, homme parmi ses pairs, à la fois puissant et vulnérable. Ce sera l’occasion d’apprivoiser la douceur, la tendresse et le soutien masculins, de faire la paix avec le mâle et son modèle patriarcal – source de violence depuis des siècles – ainsi qu’avec son propre père, le père de son père et toute sa lignée en suivant. L’occasion de se confronter dans des cadres sécures et bienveillants. L’occasion d’affirmer sa différence tout en étant accepté et valorisé.

L’homme qui ose vivre ces amitiés ou ces relations viriles en s’en nourrissant et en partageant de lui, n’est pas un homosexuel (« refoulé » ou non). Il est un homme sain. Il s’est affranchi de regards intériorisés inadaptés ou de jugements sociétaux ignorants qui nient cette réalité fondamentale que l’identité masculine se tisse dans appartenance à son propre genre.

Extrait de La Sexualité masculine : puissance et vulnérabilité de Carlotta Munier aux Editions du Souffle d’or