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Si la sexualité et l’intimité sont souvent distinctes la sexualité épanouie ne peut s’en satisfaire. L’intimité dépend de la capacité d’être en relation intime avec soi, avec un autre et d’accepter de vivre le plaisir. C’est un chemin et cela s’apprend.

 

Qu’est-ce que l’intimité ?

 

Il n’est pas aisé de définir ce qu’est précisément l’intimité et plusieurs théoriciens proposent des définitions intéressantes. C’est un processus développemental à la fois intrapersonnel et interpersonnel. Cela s’appuie donc sur une relation étroite, avec soi et/ou avec l’autre et parle de ce qui est intérieur, secret.

Être intime avec soi demande de s’aimer soi-même. C’est-à- dire qu’intimité et estime de soi sont étroitement mêlées. Et déjà pour beaucoup, c’est un cheminement que d’apprendre à s’aimer.

Dans la relation à l’autre, elle invite à l’écoute, à l’échange, à la réciprocité, au dévoilement et donc à la vulnérabilité. Elle s’affranchit de la gêne et de la honte, dans une juste pudeur à traverser, comme on livre une confidence. C’est précieux et sacré.

L’intimité, comme un privilège, est un espace particulier, voire sacré, où l’on peut se dévoiler et par conséquent, apprendre à goûter à un partage joyeux, savoureux et authentique, d’abord avec soi-même, puis avec l’autre. En toute sécurité.

 

L’intimité avec soi

 

L’intimité avec nous-même s’explore à travers l’univers tant psychique : rêves, projets, rêveries, fantasmes, plans sur la comète, remises en question… que physique : érotisme, caresses, sensations, impressions, ressentis, envies, désirs.

L’intimité vraie passe par là : être en contact plein avec soi et en réceptivité de tout ce qui se passe à l’intérieur de soi, d’agréable ou non.

Cette démarche nous demande d’acquérir une confiance et une estime de soi toujours plus grandes. Cela passe par la connaissance de ses ressources, ses valeurs, ses besoins, ses désirs, ses fantasmes, ses craintes, ses limites et ses manques. Comme une maturation personnelle.

Nous connaître et nous accepter, c’est assumer notre individualité, c’est accueillir tant notre part de lumière que notre part d’ombre. Il s’agit de regarder comment les différentes parties de nous-même – identifiées et reconnues – peuvent coexister dans la complexité et le paradoxe, y compris celles dont nous avons le plus honte ou que nous jugeons. C’est notre espace le plus secret.

Notre individuation se construit au fur et à mesure de nos expériences, de nos apprentissages, de nos rencontres car la véritable intimité partagée se situe dans le monde des désirs et non des besoins, l’autre n’étant pas là pour combler nos manques. S’individuer, c’est accepter de vivre d’abord pour nous-même et devenir autonome ; non pour l’autre – ce qui mène à la dépendance – mais pour peu à peu vivre avec l’autre, en relation.

Alors, le chemin de l’intimité est un chemin de connaissance de soi, qui demande de la curiosité et une forme de courage et de motivation, et surtout sans jugement négatif sur soi (et là n’est pas le plus simple…).

Ce n’est qu’ainsi et à ce prix qu’on pourra baisser la garde, abandonner la cuirasse, cesser de « se tenir » ou se surveiller au contact de l’autre ; laisser aller, lâcher prise, advenir à soi-même, au-delà des résistances, se fondre avec l’autre dans le partage, pour en sortir nourri, grandi.

 

L’intimité avec l’autre

 

L’intimité avec l’autre vient donc après : quand l’on se sent suffisamment tranquille et sécure à l’intérieur pour se montrer à l’autre tel que l’on est, sans masque, sans fard ni faux-semblant, juste là, unique et singulière, au présent, dans la confiance (en soi, en l’autre). Elle nous suggère l’abandon de nos défenses qui protègent illusoirement cet espace intime et secret, siège de la pudeur, de la honte mais aussi de nos plus grands désirs et de ce qui nous fait vibrer au plus profond.

Plus l’intimité est partagée, plus l’on révèle la profondeur de notre être et plus l’autre a accès à ce domaine secret. Mais seuls la tolérance de soi, le respect de soi et l’estime de soi amènent à vivre le dévoilement et la vulnérabilité comme un épanouissement dans la rencontre et non comme une crainte d’être intrusée ou spoliée. Parce que l’intimité se nourrit d’échange, de complicité, de soutien, elle est fondée sur l’empathie. C’est-à-dire la capacité de se mettre dans la peau de l’autre sans perdre la sienne ni devenir l’autre. Il est nécessaire d’être réceptive aux messages de l’autre, comme d’émettre des messages clairs, afin de se rendre disposée à le laisser entrer dans sa propre intimité sans crainte d’être envahie ni contaminée. On ne peut se poser avec l’autre et partager si l’on ne peut se poser d’abord en soi-même, ici et maintenant.

 

Avez-vous peur de l’intimité?

 

En effet, parfois l’intimité peut faire peur. Parfois il y a la peur d’être envahie, de se dévoiler ou de fusionner. Ou bien la crainte de s’y abandonner comme une drogue douce, de s’y perdre, et elle devient une source d’angoisse. Le chemin pour s’en extraire passe par gagner en estime en soi et s’accepter, parfois au « prix » d’une thérapie pour accepter son unicité, sa singularité et lever peu à peu des coins du voile.

À deux, quels sont les enjeux ? Peur de perdre ? D’être jugée ? Ou peut-être d’être blessée? Abandonnée ? Avez-vous peur d’être engloutie, dévorée ? Pourtant, c’est la personne avec qui nous avons choisi de vivre et de partager. Si nous nous aimons telle que nous sommes, l’autre ne peut que nous accepter ou partir. Cela vaut-il le coup de vivre avec quelqu’un qui nous juge ou qui ne nous aime pas pour qui nous sommes ? En fait, c’est parce qu’il y a des enjeux que l’intimité est compliquée et c’est justement parce qu’il y a des enjeux que cette intimité est importante.

Connaître nos besoins et nos limites, avoir la capacité à les exprimer en réduit le risque. Cela nécessite une véritable écoute, de soi, de l’autre ainsi que de l’audace. C’est un peu comme un acte de foi. Ainsi donc pour créer et développer l’intimité dans la relation à l’autre, il est nécessaire d’être solidement individuée.

Attention, intimité ne voulant pas dire transparence ou fusion, il est nécessaire de garder une part de mystère, un jardin secret. À la différence de la fusion qui se mue souvent en confusion, l’intimité partagée respecte les frontières personnelles de chacun et chacun est libre de se dévoiler à son rythme comme il en a envie, comme libre d’accueillir l’autre dans son dévoilement progressif.

 

Extrait de Sexualité féminine : vers une intimité épanouie de Carlotta Munier aux éditions du Souffle d’Or

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