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Un couple se construit pas à pas dans la confiance. Pas toujours facile de faire confiance… Mais indispensable!

La confiance absolue existe-t-elle ?

Si la confiance en l’autre peut être a priori, elle sera plus ou moins éprouvée, testée selon les individus et leur style d’attachement. La confiance absolue en l’autre est une erreur d’appréciation, le curseur n’est pas au bon endroit car l’autre est un être humain, comme nous, il est donc faillible. Cela nous met en dépendance de l’autre pour combler nos besoins et nos attentes, en subordination à l’autre, à ses attitudes et à ses comportements que nous n’aurons de cesse d’interpréter à l’aune de nos propres blessures. Et cela ouvre la voie aux reproches, aux jugements et autres comportements pour lui «faire payer» la confiance soi-disant trahie.

Peut-on se faire confiance ?

Comment faire confiance à un homme après des siècles de lâcheté, de massacres, d’humiliations, de viols?… Comment faire confiance à un homme qui passe son temps à jouer aux jeux vidéo ou passe ses soirées au café avec ses potes ou encore dans les bras d’une autre femme alors qu’il y a tant à faire à la maison?

Peut-on faire confiance à la femme qui se laisse déborder par ses émotions, qui gesticule, critique, invective et n’est jamais satisfaite alors qu’elle se submerge elle-même de tâches et autres préoccupations ? Comment faire confiance à la femme qui castre son partenaire par ses tentatives de contrôle, ses reproches, ses refus, ses attentes magiques de princesse frustrée?

Difficile de faire confiance à l’autre avec cet héritage partiellement gangrené de croyances, injonctions, manipulations, avilissement, diktats, terrorisme relationnel dont tous, nous sommes porteurs, et qui nous enferme dans des rôles autant maltraitants qu’éculés?

Guérir ses blessures

Cela demande déjà d’avoir pu clarifier sa relation à soi, à l’autre, de grandir, d’accepter de prendre soin de soi, de ses blessures comme de ses besoins et de devenir adulte dans la relation. Cela demande aussi quelques efforts pour apprendre à connaître l’autre dans son propre langage, son propre fonctionnement. Par exemple, selon Philippe Brenot, aux hommes: «Comprenez que pour toutes les femmes, chaque jour, il faut repasser par séduction, tendresse et érotisme. C’est ainsi que les préliminaires durent une semaine, il faut qu’il y ait une semaine de climat amoureux pour que peut-être…».

Et aux femmes : «Essayez de comprendre les difficultés que votre partenaire a à percevoir votre complexité, votre intériorité […] son ressenti est parfois très différent du vôtre

L’autre ne peut nous rassurer en permanence. En revanche, c’est le lien et la relation qui doivent être nourris. La confiance se co-construit dans la relation et dans l’acceptation des différences.

S’autoriser un jardin secret

Faire confiance, c’est accepter de ne pas tout savoir de l’autre. C’est la condition nécessaire pour entretenir l’admirabilité, ingrédient fondamental à la bonne santé du couple. La transparence est (encore) un asservissement de l’autre et une manière de maintenir une relation dissymétrique par une forme d’infantilisation. «Je dois tout savoir de toi pour te faire confiance.» Cela renvoie à sa propre mésestime de soi et instrumentalise l’autre comme redevable de nourrir cet «amour» de soi. Il s’agit alors d’une extorsion mettant la ou le partenaire dans une position d’infériorité, comme un enfant soumis face à un adulte tout-puissant. Imaginer que l’autre ait un jardin secret n’est pas acceptable pour celui/ celle qui n’a pu y avoir droit dans son enfance ou lorsque son intimité a été intrusée.

Pourtant, accepter que l’autre ait un jardin secret suppose un contrat explicite et un engagement à l’authenticité. Cela donne la possibilité d’entretenir le mystère, la curiosité, l’admiration, l’intimité. Nous reviendrons sur la notion de contrat plus tard.

La confiance se construit à deux

La confiance se co-construit dans une relation où chacun apporte ce qu’il y a de meilleur en lui autant que sa part d’ombre telle que ses failles exprimées, ses besoins, ses limites. C’est dans la co-construction d’une relation par des régulations et ajustements réguliers, la gestion d’écueils et de problèmes, la traversée de crises, etc., que ce lien va s’affirmer, se solidifier et qu’il deviendra le socle de cette confiance dont les deux ont besoin pour s’appuyer dessus et continuer à grandir ensemble.

La sécurité dans la relation passe par être chacun suffisamment sécure en soi. C’est-à-dire avoir la capacité à se fier à soi en premier a minima. Se fier à ses ressentis, à ses sensa- tions, à son intelligence, à ses capacités, à sa spiritualité, à son amour pour soi, pour les autres et pour le monde. Après vient la relation aux autres, dont la ou le partenaire fait partie et qui a une place spéciale car il ou elle est l’homme ou la femme que l’on a choisi(e) et que l’on aime. Et avec qui l’on se sent sécurisé(e) non pas parce qu’il/elle est parfait(e) ou infaillible, mais parce qu’il/elle est honnête et authentique.

Carlotta Munier. Extrait de Le couple, l’intimité et la sexualité. Éditions du Souffle d’Or 2021