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La démarche sexothérapeutique est holistique, donc multidimensionnelle. Elle concerne l’individu dans son entièreté.

La démarche sexothérapeutique présuppose que dans la sexualité est inscrite toute notre histoire de vie, toutes nos relations, tous nos héritages, toutes nos transactions, en fait tout ce qui a pu faire trace qui peut se rejouer au présent selon les circonstances. Elle est corporelle et mouvementale, émotionnelle, psychique, relationnelle, au présent et tout au long de sa vie. En effet, notre vie sexuelle parle de nos apprentissages, de croyances, de nos craintes, de nos tabous, de notre imaginaire, de nos expériences seul.e et avec des partenaires. Elle évoque ce que nous avons de plus intime, caché, secret, nos pensées inavouables, nos comportements parfois insensés, nos zones d’influences, de pouvoir, de corruptibilité, nos besoins et nos manques. Une complexité que l’on découvre au fur et à mesure des rencontres avec nos clients et qui rend ce métier passionnant, mais rarement facile.

Une anamnèse complexe

Dans son exploration multidimensionnelle, le praticien doit regarder un certain nombre de choses, questionner et recueillir des informations afin d’avoir un panorama suffisamment clair de la personne qui le consulte et ses difficultés. Cette anamnèse peut prendre un certain temps car il ne s’agit pas d’un interrogatoire, mais d’une exploration de fil en fil, de dévoilement en dévoilement dont il s’agit de prendre soin. Des thèmes étant plus faciles à aborder que d’autres. C’est cette complexité qui définit la dimension thérapeutique de ce métier de sexothérapeute, qui ne se limite pas au fonctionnement organique et mécanique des organes, mais qui concerne une personne dans son entièreté, sa propre complexité, sa singularité.

Les thèmes évoqués ici ne sont pas forcément abordés et questionnés dans cet ordre, le client va dérouler son histoire à son rythme et peu à peu des éléments vont apparaître qui vont susciter des demandes de précision, de clarification.

Repérer notre périmètre d’intervention

En tant que praticien, nous devons savoir si la problématique qui nous est amenée par le client est bien dans notre périmètre d’intervention. Il s’agit de repérer si des désordres organiques, troubles ou douleurs relèvent du domaine médical. C’est pourquoi, selon les troubles et les informations que nous obtiendrons, nous inviterons la personne à consulter un professionnel de santé. Que ce soit pour traiter ou pour discriminer. Faire l’amour présuppose une bonne santé. Faire l’amour entretient aussi une bonne santé. D’ailleurs, la santé sexuelle a fait l’objet d’un article.

L’état de santé

L’état de santé général est à questionner ainsi que les antécédents : maladies et pathologies présentes et passées, y compris sur le plan psychologique, et les traitements. Certaines maladies, comme des traitements médicamenteux peuvent entraîner des désordres. Par exemple l’hypertension peut avoir un impact sur l’érection, et le traitement contre l’hypertension également. Idem pour le diabète. Hospitalisations et traumatismes physiques sont à repérer également. Il peut y avoir eu des impacts ou des lésions dans des zones par lesquelles passent certains nerfs, affectant ainsi la réponse sexuelle. Les hospitalisations, notamment dans l’enfance peuvent affecter la personne, notamment dans la dimension parfois intrusive des soins, et dans la relation avec le personnel soignant, ceci pouvant affecter la capacité de tisser des relations plus tard.
Le stress et la fatigue sont des éléments importants à repérer. Le stress est le premier ennemi de l’érection. Et la fatigue de la libido. La qualité de sommeil a également un impact sur la santé cardiovasculaire et pénienne. L’alimentation et l’hygiène de vie ont leur importance. En fait tout ce qui peut affecter le fonctionnement organique et nerveux du corps peut affecter la sexualité.

La dimension corporelle

Le praticien doit connaître des fondamentaux relatifs à l’anatomie féminine et masculine pour d’une part questionner son client, mais aussi pour vérifier l’état des connaissances de ce dernier de son propre corps et de celui de l’autre. Je constate encore beaucoup de méconnaissances et d’ignorance à l’égard de son propre sexe et de celui de l’autre chez certaines personnes, c’est alors que notre éclairage pédagogique est essentiel.
Il est important de vérifier le rapport que la personne entretient avec le toucher, la sensorialité, la sensualité. Le toucher est le seul sens réciproque et évoque le rapport que l’on entretient avec les autres, depuis la prime enfance. C’est sur ce sens que s’inscrit la fonction érotique et la sensualité via la sensorialité.
Enfin, la conscience corporelle que la personne a d’elle-même et le mouvement seront à repérer. Vérifier la perception que la personne a de ses propres sensations et de ses ressentis, nous informe sur la qualité de présence qu’elle a à elle-même (et à l’autre) dans ses relations et sa sexualité.

La dimension contextuelle

Nous vivons dans un environnement multidimensionnel qui affecte et influe sur notre vie, sur notre humeur, notre santé, notre énergie et donc sur notre façon d’être en relation et notre sexualité : la vie quotidienne, la vie de couple et de famille, les conflits, les relations familiales, la vie professionnelle, les relations amicales, sociales, professionnelles, les grandes étapes de la vie telles que naissance, deuil, âge, le lieu de vie…

La dimension cognitive, sociale et culturelle

Nous, êtres humains, au fur et à mesure de notre croissance et de nos apprentissages, développons une vision du monde qui est la nôtre, singulière, tissée de croyances, de représentations, d’héritage. Cette vision du monde a un impact sur notre façon d’être au monde et a fortiori sur notre façon d’être en relation et en relation intime. Par exemple, les croyances sur soi, sur les autres, sur la sexualité, issues de notre éducation, notre famille, notre région, notre pays, notre ethnie, nos traditions, notre culture, notre religion, nos expériences… Les peurs, les tabous sont souvent issus de nos représentations. L’image qu’on a de soi (ex : se sentir désirable ou non, l’apparence physique…), et des autres, l’estime de soi, l’amour de soi. Tout cela est à prendre en compte car forge également notre identité et nos comportements

La dimension comportementale et relationnelle

Cette dimension est vaste, riche et complexe à aborder. Là réside la majorité des difficultés car elle est relative à la relation à soi et à l’autre, à l’intimité et à ce que cela suppose en termes de dévoilement. Bien sûr, nous y abordons la communication et un certain nombre de données autour des désirs, des besoins, des craintes, des limites… Et nous y trouvons nos modes d’attachement et nos systèmes défense

La dimension psychique, psychologique et émotionnelle

Enfin, nous évoquons ici toute l’histoire de la personne depuis sa tendre enfance, son développement psychosexuel, les apprentissages, les difficultés, les questionnements, les bonnes et mauvaises expériences (sexuelles et relationnelles).
Nous évoquons également le parcours de vie et le contexte actuel avec un focus sur les traumatismes et les événements marquants. Enfin, nous vérifions si la personne a déjà effectué un travail thérapeutique et de quel ordre.

Ces items sont importants et prennent du temps à être évoqués, clarifiés, dépliés pour pouvoir rencontrer notre client au plus près de sa réalité, de son histoire et de sa difficulté. Parfois des émotions arrivent, des crispations, de la gêne voire de la honte. A cet endroit, notre présence soutenante, bienveillante et empathique est nécessaire, tout en tenant le fil de la demande du client.

Ce panorama est vaste et le thérapeute doit également repérer ce qui est dit, pas dit, comment c’est dit, qui lui donnera des informations précieuses que le client délivre souvent à son insu.

Carlotta Munier
Directrice

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