En matière de sexualité, la honte peut se loger dans bien des endroits.
La honte dans tous les espaces
Honte de notre corps. Honte d’être nue. Honte de nos parties intimes (forme, couleur, taille…). Honte de notre odeur. Honte d’avoir du désir, de montrer notre côté «salope» (ce père n’a-t-il pas traité ainsi sa fille ?), de vivre notre animalité. Honte de ne pas avoir de désir. On pourra être gênée d’exprimer notre plaisir avec des sons, des cris, des mouvements ou honte de ne pas avoir de plaisir, honte de demander à l’autre de nous prodiguer ce qui nous donne du plaisir… On peut aussi avoir honte d’avoir une histoire avec un homme marié, d’être qualifiée de «pute» alors que l’on n’a rien cherché de tel. On peut également avoir honte d’accepter des rapports sans envie, parce qu’incapable de refuser, ou par peur. Toutes les hontes peuvent être déclinées à l’infini, chaque histoire étant singulière et chaque situation venant réveiller ces vieilles histoires. En chercher l’origine et pouvoir trouver un espace où nommer, déposer ces fardeaux permet de traverser la honte et s’en libérer.
Étant déjà honteuses, il n’y a qu’un pas pour porter nous- même un jugement négatif sur les autres. Ayant été conditionnée, à notre tour, nous ne pourrons accepter certains comportements chez les autres et nous porterons un regard désapprobateur ou jugeant. La boucle est bouclée… Ad infinitum.
Derrière la honte, un désir
Et pourtant, la honte vient nous parler de nos besoins, de nos envies, de nos désirs et je présume que derrière la honte se cache toujours un désir, un élan vital qui a été stoppé et qui peut être remobilisé.
On peut sortir de la honte et c’est une étape importante dans le chemin vers soi, vers sa féminité et l’épanouissement de sa sexualité. Il y a juste à lever le voile de la honte. Or, la honte ne peut se dévoiler et se dire que lorsqu’une oreille est prête à l’entendre. Et quand on commence à dire : « J’ai honte » à quelqu’un, dans le lien, la relation, l’accueil et le non-jugement, on commence à en sortir. Mettre des mots sur quelque chose que le corps connaît libère l’être, redonne de l’énergie, de la vitalité, du mouvement. Ce chemin de dévoilement, d’expression et d’accueil passe par la confiance, la sécurité et l’intimité. C’est ce que le cadre thérapeutique propose.
Se réhabiliter
Aborder la honte ne changera pas la réalité historique, mais modifiera le regard porté sur cette réalité et sur soi. Transgresser la honte n’est pas trahir sa famille, c’est reconnaître l’héritage que l’on a reçu, et ce dont nous avons été dépendant, et en même temps faire cesser ce qui cause de la souffrance. Il ne s’agit pas de condamner ses parents ou ses tuteurs, mais de regarder ce qu’ils n’ont pu nous donner ou nous permettre. Reconnaître et se réapproprier les choix, les besoins, les désirs qu’ils n’ont pu nourrir ou soutenir à ce moment-là parce que tout simplement, ils n’en avaient pas la possibilité.
Et pour conclure cette partie, je voulais juste vous dire que le contraire de la honte, c’est l’estime de soi, l’intégrité, la fierté, le désir, la vitalité, la joie, la dignité, le sentiment d’exister, l’identité, l’appartenance à l’humanité. Ça vaut le coup, non ?
Extrait de « Sexualité féminine : vers une intimité épanouie » Carlotta Munier aux éditions du Souffle d’Or
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