La première chose à regarder par rapport à ce métier de praticien en Sexothérapie, c’est qu’il nécessite une posture particulière du fait même de la matière, la sexualité humaine. Une posture qui s’acquiert progressivement et qui consiste à s’ajuster en permanence avec le client, dans la relation thérapeutique, par rapport à un sujet complexe, délicat, honteux, douloureux, très, très intime.
Bien évidemment, en tant que thérapeute ou soignant, il est nécessaire d’avoir une posture professionnelle d’écoute et de non jugement. Pour cela, nous devons d’une part, clarifier notre positionnement par rapport à la sexualité humaine et sa propre anthropologie et d’autre part acquérir un corpus de connaissance conséquent en matière de sexualité humaine. Puis nous devons apprendre à conduire des séances, dans ce contexte particulier, c’est-à-dire se préparer, accueillir, poser un cadre clair, informer, transmettre, éduquer, etc.
Une posture de détachement par rapport à sa propre histoire
La sexualité est une dimension fondamentale et existentielle de l’être humain, constitutive et révélatrice de sa façon d’être en relation à lui-même et avec son environnement. Elle se développe et se déploie dans différentes dimensions (cognitive, émotionnelle, imaginaire, corporelle, mouvementale…) qui en font sa complexité et qu’il convient d’explorer. Aussi, pour voyager dans ce pays si particulier, il convient de mettre à jour ses croyances, ses représentations, ses ressentis. En tant que praticien en Sexothérapie, il est nécessaire d’identifier et de reconnaître ses propres fonctionnements, la source de ses attitudes et ses croyances, ses expériences et ses sentiments relatifs à la sexualité. Tout ceci, afin de rester soi-même ouvert face à la sexualité et sa variété, ses richesses et ses travers. Mais aussi de déterminer si la nature de la problématique présentée par le client est acceptable pour lui ou si elle le met en contradiction ou en difficulté par rapport à ses propres valeurs, représentations, compétences. Le professionnalisme du sexothérapeute trouve là sa source.
Un vaste champ de connaissances
La sexualité humaine est un champ vaste, infini pourrait-on dire car relative à la singularité de chaque individu. Pour autant, pour naviguer dans cet espace et accompagner nos clients, il est nécessaire et fondamental d’acquérir un certain nombre de connaissances en termes de santé sexuelle, de sexualité humaine, et de sexologie clinique.
La santé sexuelle est, selon l’OMS (en 1075) : « l’intégration des aspects somatiques, émotionnels, intellectuels et sociaux du bien-être sexuel en ce qu’ils peuvent enrichir et développer la personnalité, la communication et l’amour. La santé sexuelle est un droit et ne consiste pas uniquement en l’absence de maladie, de dysfonction ou d’infirmité. La santé sexuelle a besoin d’une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, et la possibilité d’avoir des expériences sexuelles qui apportent du plaisir en toute sécurité et sans contraintes, discrimination ou violence. ». Nous aborderons les différents niveaux d’observation de la santé sexuelle. Ceci délimitant notre périmètre d’intervention.
Les composantes de la sexualité humaine s’explorent dans les dimensions cognitive, émotionnelle, énergétique, corporelle, sensorielle, mouvementale, psychologique comportementale, relationnelle voire spirituelle. Un regard holistique est porté sur l’individu et sa sexualité ainsi à ce qui est relatif à son identité sexuelle, son développement psychosexuel, et son orientation éventuellement. Voyez déjà comment se dessine cette complexité, du fait de la multidimensionalité de la sexualité, son universalité et de sa déclinaison toujours singulière.
Puis, l’anatomie et la physiologie des organes sexuels sont importants à connaître notamment parce que bon nombre de personnes n’ont pas appris cela et ne connaissent pas leur propre anatomie. Notre rôle est là un rôle pédagogique afin de donner des repères.
Dans la « mécanique » sexuelle, la réponse se déroule selon des cycles influencés par le désir, le plaisir. Incluant les aspects sensuels, sensoriels, érotiques, imaginaires, génitaux.
Une posture d’accueil et de curiosité
Motivations, comportements et pratiques sexuels sont également à prendre en compte dans la rencontre de la personne qui vient nous voir, nous avons à l’accueillir dans ce qu’elle exprime et fait, dans ce qui est fluide ou non, dans ses scripts, ses envies, ses refus ou craintes. Pour cela, il y a à connaître un certain nombre d’informations, données, études pour se repérer et identifier des hypothèses et pistes de travail, afin d’identifier ce qui préside à l’acte et l’envisager dans un continuum dont le sens n’est pas toujours perceptible par l’individu lui-même.
En ce qui concerne la sexualité féminine et masculine, la psychologie de chacun est à envisager dans un contexte familial, développemental, expérientiel, culturel, ethnologique, religieux, social, sociétal, etc. À nouveau, l’on peut imaginer la complexité des impacts de ces dimensions sur la personne et son intime, ses dynamiques communicationnelles et relationnelles.
Bien évidemment, les troubles seront abordés sur les plans cognitifs, corporels, émotionnels avec une description assez large des étiologies et des pistes de traitement. Dans la formation de l’IFFS, 2 modules sont consacrés à ce corpus de la sexualité féminine et masculine. Ce n’est pas trop.
Enfin, dans son acquisition de connaissance, le praticien est toujours invité à continuer à explorer, se former, s’informer, lire, écouter des podcasts, rester toujours curieux de ce qui se passe. En complément d’ouvrages de référence.
Une posture d’ouverture et d’empathie
Cette exploration de la sexualité humaine et l’acquisition de connaissances, d’informations, va contribuer à l’étayage de la posture. Les stagiaires sont affectés par leurs découvertes, leurs lectures, les partages, on ne sort pas de la formation tout à fait les mêmes. Et la façon dont nous allons aborder le sujet avec les clients, notre soin, notre formulation, l’emploi d’une terminologie change notre être thérapeute/soignant. Elle ouvre le cœur autant que l’esprit et permet d’avoir une attitude bienveillante, contenante et sécurisante, une qualité de présence et une empathie investies sur toutes les dimensions de son être propre (cognitive, affective, corporelle, émotionnelle, spirituelle). Ceci sera le gage d’une confiance qui se crée et permet le tissage progressif d’une alliance thérapeutique.
Ce qui n’est pas abordé en formation, mais est un prérequis, concerne la posture thérapeutique en elle-même. Ceci dit, il n’est pas inutile de l’évoquer, comme pour vérifier où vous en êtes sur ce plan.
Nous avons noté l’importance d’adopter une attitude d’ouverture révélant l’intérêt et la curiosité pour le client et sa situation. Il s’agit de regarder le visage de la personne ainsi que l’ensemble de son corps et sa position sans scruter. Même s’il y a de la gêne. Toujours garder à l’esprit l’intime qui peut être révélé et en prendre soin avec délicatesse. Accueillir avec douceur la gêne, la honte, l’émotion ou le refus. Mais aussi être capable de soutenir le vécu et l’expérience du client sans jugement. Savoir s’arrêter, ne jamais forcer l’expression, toujours vérifier l’état émotionnel du client afin de ne pas devenir intrusif. Lui reconnaître sa pudeur et son propre rythme.
Et pour soi-même : respirer régulièrement et sentir ses points d’appuis corporels et environnementaux, rester présent à ses pensées, ses ressentis, ses émotions, ses sensations et à ce que l’on perçoit de son client, et repérer ses propres mouvements : attitude, expression, geste, ton, débit, sentir ses affects et ses réactions et s’autoréguler afin de s’ajuster (retenir, amplifier) et rester là.
Ce qui ancre la posture et la relation thérapeutique, c’est le cadre dans lequel s’exerce les séances. Un cadre clair et sécure est indispensable pour que ce déposent les confidences et s’articule un accompagnement au service de la problématique de notre client.
Ce sera l’objet de l’article suivant : le cadre en sexothérapie.
Carlotta Munier
Vous souhaitez devenir sexothérapeute ? En savoir plus
Commentaires récents