La relation thérapeutique est souvent délicate lorsque nous entrons dans la sphère de la sexualité. Beaucoup de thérapeutes se sentent mal à l’aise, perdent leurs moyens, oublient. Bref, un rappel des prérequis nous semble indispensable, prérequis qui seront mis en pratique lors des simulations proposées pendant la formation.
Connaître les principes de base de la communication, de la relation interpersonnelle, de l’écoute active, du questionnement, de la reformulation, les différents niveaux de communication, le langage et métalangage. Et en matière de sexualité, il y a à utiliser un langage simple, clair et sans équivoque.
L’écoute active
Plus précisément, et notamment dans notre périmètre, il s’agit d’écouter dans une attitude d’ouverture la plus grande, sans jugement, sans intrusion (toujours prendre soin de vérifier), avec un intérêt réel et une curiosité marquée. Ecouter ce qui nous est livré comme on reçoit une confidence. Nos clients nous livrent leur intime. Quelle que soit la façon dont il s’y prend, considérons toujours que ce qui est dit est vraiment précieux et nous sommes souvent dépositaires de « c’est la première fois que j’en parle ».
Écouter pour comprendre
Il y a à identifier et apprendre son langage, ce qui est dit et comment c’est dit. Rappelez-vous, la sexualité parle de qui nous sommes vraiment, à notre insu, dans notre façon d’être au monde et en relation. Sujet sensible et encombré de nombre de méconnaissances et croyances, nous devons comprendre le monde de notre client avec ses représentations, ses croyances, ses craintes, ses tabous, sa honte, ses désirs.
Questionner
Nous devons alors questionner et répondre aux questions du client. Questionner et reformuler l’expression du client dans une attitude d’ouverture alternant question ouvertes, fermées, silences. Questionner pour obtenir des précisions, des informations, avec bienveillance et sans brusquerie, en respectant le rythme du client. Un peu comme une enquête.
Savoir se taire
Le silence est d’or : le client dépose dans notre espace ce qui lui est difficile, délicat, il est alors crucial de savoir se taire en restant ouvert pour laisser le client ressentir et réfléchir. Pour laisser se déposer gêne, honte.
Nous devons repérer les répétitions, les absences, les incohérences dans le récit. Cela peut nous donner des indications importantes sur le développement psychosexuel de la personne, de son enfance, de ses relations, ses drames, etc…
Écouter au delà des mots
L’expression du sexuel, est complexe et parfois confuse, avec des termes pas toujours ajustés, il est important d’écouter et de noter ce qui est dit et comment c’est dit (verbatims, mots, registres d’expression, attitude, symbolisation, gestes, phrases non terminées…) et ce qui n’est pas dit, les imprécisions, les évitements, les oublis, les enchaînements… Il est important d’observer et de noter les dimensions paraverbales et non verbales de l’expression du client : expressions du visage, mimiques, voix, tons, silences, réactions, mouvements, émotions révélatrices d’informations qui souvent filtrent à l’insu même du client.
Restituer
Une partie de notre accompagnement consiste à noter, voire relever avec bienveillance et curiosité les dissonances, les généralisations, les incongruences entre le récit et l’attitude du client, repérer les incohérences et dysfonctionnements dans son histoire et sa situation. Et ce qu’il dit de sa situation. Nous devons pouvoir lui restituer ce qu’il dit de lui-même, tout en respectant son intimité et le rythme de son dévoilement. Nous repérons et mettons à jour ses résistances éventuelles (il y en a toujours) et nous accompagnons à identifier ses besoins et tout en lui permettant de formuler une demande.
Prendre du recul
Côté praticien, il est nécessaire de percevoir et de se laisser ressentir ce qui émane du client. Il est nécessaire de prendre du recul et de conserver un esprit critique et ouvert considérant ses interprétations ou ses déductions uniquement comme des hypothèses à explorer et non comme des vérités. La supervision pourra aider à clarifier ce qui peut être de l’ordre des projections et de la réalité. Pour autant, observer ses propres ressentis, ses interprétations, ses projections et ses réactions par rapport à ce qui lui est présenté est essentiel. Il choisira, le cas échéant, de restituer au client d’une manière recevable et acceptable sa propre compréhension de la situation et d’éventuelles pistes exploratoires ou hypothèses.
Une écoute précieuse
Où peut-on parler de sexualité, apprendre la sexualité, s’informer, questionner et se questionner ? Il y a peu d’espaces où l’on peut être libre d’évoquer ce qui nous habite et nous préoccupe. C’est pourquoi notre espace et notre écoute sont si précieux. Nous devons pouvoir accueillir toutes les questions, rassurer le client sur sa singularité, sa normalité et lui rappeler le cadre de la loi (le cas échéant). Nous devons pouvoir entendre toutes les bizarreries sexuelles qui peuvent nous être rapportées et sentir si nous restons dans l’accueil ou si certaines touchent à nos propres limites. Nous devons retenir ou minimiser les manifestations émotionnelles qui pourrait freiner l’expression du client et les amener dans un espace de supervision. Et nous devons sentir, si c’est trop pour nous, pour orienter vers un autre thérapeute.
Carlotta Munier
Directrice
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