33(0)6 22 70 81 74 │ Adresse : IFFS – 24 Rue de l’Opéra, 13100 Aix-en-Provence iffs@orange.fr

Dans le registre de la sexualité, l’homme est également confronté à la peur. La religion, ses interdits et ses jugements laisse encore une empreinte profonde dans la psyché des êtres.


Mille peurs

« J’en ai mille (peurs) et aucune ne génère de solutions. Sans doute mes croyances, éminemment transgénérationnelles. “Je ne suis pas capable, je ne mérite pas d’être aimé, je ne suis pas à la hauteur, je ne peux pas faire jouir une femme”.
Mais au final, la pire, c’est sans doute que je n’ai pas le droit de jouir, que le sexe est sale et honteux. Ça, c’est le plus terrible, le plus prégnant. Ma religion, celle qui a irrigué mon enfance et mon adolescence, nie le corps, nie le sexe. Le sexe est un péché. » Étienne

Déjà l’adolescent, peu sûr de lui en termes identitaire, et tentant d’apprivoiser ses changements corporels, hormonaux et sexuels, se voit pourvu d’un instrument dont il ne sait trop que faire mais qui le pousse vers l’autre, vers la rencontre, même s’il n’en connaît pas encore ni le chemin, ni le sens.


Une éducation sexuelle défaillante

L’éducation sexuelle, en France, est trop souvent réduite à des informations sur la reproduction, la santé et la protection. Nul cours sur les relations interpersonnelles, sur le désir, sur le plaisir, sur la sensualité, sur l’intimité, sur les sentiments, sur comment aborder l’autre, différent, en respectant ses rythmes et ses limites. Point d’information institutionnelle sur ce thème. Et souvent les parents, déjà mal à l’aise avec leur propre sexualité, ne pourront être d’un grand secours pour ces jeunes. À préciser que ce n’est pas lorsque le jeune a 15 ans qu’il y aura à lui en parler. Non, la sexualité se parle et se nomme (sans se montrer), via un discours adapté, dès que l’enfant montrera de la saine curiosité. Il faudra lui parler d’amour, de découverte, d’attente, de curiosité, de progressivité et de plaisir.

En l’absence d’un tel discours clair et soutenant, dans quel état, ce jeune va-t-il aborder sa première relation sexuelle ? Dans le stress et la peur. Peur de ne pas être à la hauteur, peur d’avoir mal, peur de faire mal, souvent dues à la méconnaissance du corps de l’autre. La plupart des jeunes vivent ce moment unique avec énormément de stress. Et nous, thérapeutes et sexologues, savons que cette première expérience sexuelle, tant pour les hommes que pour les femmes, est fondatrice pour la sexualité adulte. Fondatrice d’un futur épanouissement ou parfois de troubles, de gêne, de honte, de peur, de manque de confiance en soi, d’éjaculation précoce, de pannes…

Si la connaissance et l’information vraie ne permettent pas de faire l’économie de se confronter à ses peurs, elles peuvent en revanche permettre à l’homme d’y faire face, de les verbaliser et de les traverser, pour son plus grand bien et celui de la relation. Ceci devenant un fondement pour une réelle intimité avec soi et avec l’autre.

Extrait de La Sexualité masculine : puissance et vulnérabilité de Carlotta Munier: