Les 11 besoins les plus importants et intéressants à considérer dans le couple pour nourrir la relation, afin qu’elle reste vivante et équilibrée.
C’est un mouvement qui est fluide entre le donner et le recevoir, dans un respect mutuel. Cela demande un certain niveau d’engagement, mais la relation vraie n’est-elle pas à ce prix?
Je me suis permis de m’inspirer des 10 besoins explicités par Michel Diviné pour les illustrer et les expliciter sous l’angle de ce que j’ai vraiment envie de vous transmettre, celui de la responsabilité individuelle et du couple, et non du jugement ou de la culpabilisation.
Le besoin de tranquillité et de paix
L’anxiété et le stress ne sont pas les meilleurs garants de la qualité de vie d’un couple. Chacun a de multiples occasions d’être poussé dans ses retranchements, dans ses vieux schémas et ripostes. Et assez vite, certains de nos comportements agacent, exaspèrent; pire, éveillent des craintes chez l’autre. Entendre l’impact de nos mots et de nos actes sur l’autre est déjà un gage d’une certaine ouverture à l’altérité et une conscience de la relation. En tenir compte est révélateur d’un engagement réel et sincère. La relation ne peut pas s’épanouir dans un perpétuel climat de tension et de conflits. La connexion se fait dans la paix, la présence et la considération de l’autre et de sa différence. À condition que l’un puisse nommer ce qui trouble sa paix, que l’autre puisse se mettre un peu à sa place avec un peu d’empathie, en tenir compte; et l’ajustement peut se faire pour la tranquillité des deux. La résolution des conflits passe par ce chemin.
Le besoin d’autonomie ou de liberté
L’autonomie, c’est la capacité de se prendre en main, de se connaître et de savoir qui l’on est avec ses ressources et ses limites. À la différence de l’indépendance, l’autonomie est une capacité d’être avec, de faire avec, de demander, de donner, de recevoir, là où l’indépendant fait seul et sans l’autre. La liberté ici, dans la relation, est la liberté d’être soi-même, de prendre soin de soi et de faire des choix, sachant que son corollaire, la responsabilité, y est toujours associé. En effet, mes choix ont un impact sur l’autre et sur la relation. De même, les choix de l’autre ont un impact sur moi et sur la relation. C’est dans l’ajustement, en nommant ce qui se passe – les ressentis, les effets et incidences sur soi, et en entendant ce que l’autre vit – que l’on trouvera un chemin qui servira autant l’autonomie, que la relation, tout en honorant la liberté individuelle de souscrire, de poursuivre, de négocier ou non… au prix parfois, de la relation!
La relation demande une adhésion souscrite librement avec la possibilité d’en sortir lorsque l’insupportable ou l’intolérable survient et que les ajustements ne sont plus possibles.
Le besoin d’échange et d’équilibre
Donner et recevoir est une danse qui est sans cesse en mouvement et en recherche d’équilibre. Qui fait quoi? Lequel de nous contribue, à quoi et comment? L’un de nous prend-t-il les décisions et comment? Le va-et-vient énergétique, qui dépend de la plasticité de chacun, est garant de la vitalité dans un couple. Trop de rigidité crée un déséquilibre. Trop de laxisme engendre anxiété, prise en charge, déception, colère, etc. Chacun a sa part à faire dans la relation et dans la vie au quotidien et ces négociations doivent être révisées régulièrement afin que l’un ne se sente pas lésé au point d’en concevoir du ressentiment. Cela concerne également le temps et l’argent.
Le besoin de valoriser féminité et masculinité
Au-delà de la biologie, de la sexualité et des rôles imposés par la société, féminité et masculinité font partie de l’identité des individus. Chacun a besoin d’être reconnu dans son énergie, dans son essence. Que la virilité soit considérée dans ses avantages et ses attributs (j’en ai longuement parlé dans mon précédent ouvrage et dans de nombreux articles) et que la féminité soit honorée pour ce qu’elle est. Il n’est pas possible de changer l’autre. Hommes et femmes sont dissemblables et c’est très bien ainsi.
Si vous êtes clairement hétérosexuel, n’attendez pas que votre partenaire de sexe opposé se comporte comme ce que vous imaginez des attitudes des individus de votre propre genre. Si vous êtes clairement homosexuel, n’attendez pas que votre partenaire devienne votre clone. Enfin, chaque individu est unique et sans pareil. Y compris les jumeaux monozygotes. Si nous possédons tous ces deux polarités, elles ne sont pas distribuées de la même façon selon que l’on est homme ou femme, ni vécues ou véhiculées de la même manière. Hommes et femmes peuvent être doux ou forts, ce sera dans un style, une couleur, une manière singulière.
Le besoin d’affection et de sécurité émotionnelle
C’est ce que permet l’intimité et le dévoilement qu’elle favorise. Nommer ses besoins, ses craintes, ses envies sans avoir peur – et dans l’ouverture à la possibilité – que l’autre nous juge, nous critique, nous rejette ou nous abandonne est fondamental dans la relation. Être aimé pour qui l’on est avec ses failles et ses qualités est le gage d’une relation respectueuse qui a des chances de s’inscrire dans la durée et l’épanouissement. Être accueilli dans ses erreurs et ses égarements permet cet ajustement essentiel dont je ne cesse de parler, gage d’une profondeur, d’une intimité et d’un amour plus grands.
Le besoin de contribuer au bien-être de l’autre
C’est là où la vigilance est de mise. La frontière entre prendre soin et prendre en charge est parfois floue. Prendre soin, c’est être attentif, attentionné, aidant, soutenant, à l’écoute et agir selon une demande exprimée. Prendre en charge, c’est faire à la place de l’autre, c’est le déposséder de sa propre responsabilité individuelle, c’est imposer son avis, son service, sa présence, c’est l’assujettir ou l’infantiliser. Et ce n’est pas sain dans la relation.
Le besoin de communication et de respect mutuel
Il est clair que la télépathie dans le couple fonctionne rarement et que tous les clichés dont nous sommes pétris sont peu conformes à la réalité de la vie dans un couple, chaque couple étant singulier. Chaque monde est complexe et multiple, et si l’on ne se connaît pas déjà pleinement, comment imaginer le monde de l’autre? Nommer ses besoins et ses limites, se positionner, être entendu et respecté fait exister chacun, chaque JE. Et JE peut tenir compte alors de l’autre JE et co-créer du NOUS. La communication est la clé d’une relation respectueuse de chacun.
Le besoin de célébration de la vie, sens ou spiritualité
La vie est complexe, riche, mystérieuse, intense, plate, toujours imprévisible. Tout comme la relation. C’est une co-responsabilité du couple que d’honorer et de rendre hommage au vivant partagé et vécu à chaque instant. La vie se vit au présent et ce présent reconnu et célébré pose des fondations solides pour la suite, tisse un lien, une trame sur laquelle le couple pourra s’appuyer en cas de difficulté. Donner un sens à sa vie de couple, dans les deux «sens» du terme: donner une signification et une direction. Les deux sont indissociables et dépendent des projets du couple. Enfin, la spiritualité du couple sera abordée dans le dernier chapitre de cet ouvrage. Elle est relative aux vœux individuels de chacun pour sa vie actuelle et future. Tel le besoin d’accomplissement d’A. Maslow, elle ne se saurait être déconsidérée, minimisée et reniée. Et surtout pas au nom d’une relation.
Le besoin d’ordre et de sécurité
Un minimum d’ordre rassure et contient. Ceci dit, chacun a une notion de l’ordre qui est personnelle. Certains sont rassurés par l’ordonnancement précis de chaque objet, ce qui pourra stresser l’autre. D’autres trouveront du réconfort dans un joyeux bordel. J’ai souvenance d’un couple qui évoquait cette question de la lunette des toilettes, objet de tensions jusqu’à trouver une valeur commune, celle de l’esthétique. Chacun est responsable de sa réponse face à la façon de vivre de l’autre mais chacun peut faire un bout de chemin pour tenter de trouver une forme commune a minima satisfaisante pour les deux. Cela nécessitera de communiquer, de négocier, de traverser l’anxiété, de déranger des représentations ou des systèmes de référence (souvent familiaux), de lâcher prise, de réguler, etc. Et cette nouvelle forme pourra être renégociée le cas échéant.
Le besoin d’authenticité
Je ne suis pas partisane de la totale transparence dans le couple, mais davantage de l’authenticité. L’authenticité n’est pas la transparence. Je l’ai déjà évoqué dans mon premier ouvrage. Tout connaître de l’autre n’est pas souhaitable et toute vérité n’est pas bonne à dire. Les dangers de la transparence sont le contrôle et la manipulation. L’exigence de la transparence est une intrusion, une effraction chez l’autre. C’est un total manque de respect. Et puis, si l’on sait tout de l’autre et s’il sait tout de nous, que resterait-il à découvrir? Chacun doit avoir son espace personnel et je vous invite à partager uniquement ce que vous voulez de votre vie intime antérieure à celle que vous vivez avec votre partenaire actuel. Il est absolument inutile de dérouler tout votre passé de conquêtes, de déboires, de prouesses ou de souffrance. Ce serait même néfaste pour la relation. Certaines confidences peuvent se dévoiler progressivement. Conserver une partie de mystère permet d’entretenir le désir et l’admiration, et de cultiver un regard plein de curiosité sur l’autre, à la fois différent et complémentaire.
L’authenticité, c’est alors la capacité de dire à l’autre qui l’on est, ce que l’on ressent le plus simplement possible dans telle situation, tout en tenant compte de lui. C’est, par exemple, nommer si l’on a peur de la réaction de l’autre, que nous craignons de sa réaction, tout en ayant besoin de partager quelque chose d’important. Que cette chose soit agréable ou désagréable. Cette authenticité est possible d’abord parce que l’on a déjà pu réaliser un travail sur soi et développé une estime de soi suffisante pour pouvoir s’affirmer tel que l’on est. Elle est possible aussi parce que la relation est suffisamment sécure, parce qu’elle aura sans doute été préalablement testée en douceur et souvent à tâtons et ainsi aura été vérifiée la capacité d’accueil de l’autre.
Le besoin de spontanéïté
En cas de difficulté, la parole et le dialogue authentiques, où chacun reprend sa part de responsabilité dans la situation qu’il a co-créée, permettent de retrouver le chemin d’une relation qui s’apure, se régule et redevient vivante. La spontanéité n’est pas impulsivité. L’impulsivité émerge sans contrôle et ne tient compte ni de l’autre, ni du moment, ni du contexte, ni de l’environnement. Si elle peut être char- mante venant d’un enfant, elle est davantage embarrassante chez l’adulte car elle révèle davantage une sorte de passage à l’acte sans élaboration, sans recul, dans la méconnaissance de l’impact que cela aura chez l’autre, une impulsion de soi à soi, sans conscience. La spontanéité, quant à elle, est une émergence qui est perçue, sentie et qui peut être nommée à l’autre comme une envie, un désir. Un mouvement qui, pour être perceptible, demande à chaque d’être un peu présent à soi-même et à l’autre car il arrive à l’occasion de l’autre, dans l’entre-deux de la relation. C’est parce qu’il y a connivence et complicité que spontanément le jeu est possible, car il émerge dans l’espace de sécurité, de confiance, d’audace que les deux individus ont co-créé dans leur relation.
Voilà donc des besoins importants qui peuvent être entretenus dans un couple et je vous invite, là, maintenant, à prendre le temps de sentir et de mesurer si ces besoins sont nourris et cultivés. Et, le cas échéant, à regarder comment vous allez y contribuer?
Extrait de Le couple, l’intimité et la sexualité de Carlotta Munier aux Éditions du Souffle d’Or
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