Faisant suite à l’article précédent, des pistes de réflexion pour devenir une femme davantage épanouie dans sa sexualité.
Une démarche audacieuse
Une sexualité épanouie est montre d’une capacité à oser et être en relation intime avec soi et en relation intime avec l’autre. Une démarche de conscience, de connaissance de soi et de présence à soi.
Elle se fonde sur 5 piliers : développer l’estime de soi et l’intériorité, regarder son histoire de vie et la réparer, explorer ses peurs, croyances et tabous, érotiser son corps et cultiver son imaginaire érotique.
L’estime de soi et l’intériorité
Il s’agit d’apprendre à s’accepter, se regarder, s’aimer. Réhabiliter le ressenti via les sensations corporelles, les émotions, les impressions. Intégrer une bonne image corporelle de soi, Apprendre à connaître ses besoins, les prendre en charge et les exprimer. Ceci nécessite de se poser, de se détendre, de respirer, de prendre du temps, de prendre soin de soi, de se rencontrer, de faire la paix en soi et être un peu égoïste…
L’histoire de vie et la réparation
Revisiter notre éducation sexuelle et nos méconnaissances, nos trauma et nos blessures, nos premières expériences relationnelles et sexuelles, les modèles parentaux. L’idée étant que pour devenir une femme autonome et sexuée, il convient de lâcher peu à peu la petite fille qui est en nous, en reconnaissant et apaisant les souffrances passées, dans le lien pour devenir davantage une femme adulte.
Les peurs, les croyances, les tabous
La famille est souvent le siège de nombreuses croyances limitantes et tabous. Nos mères, pour la plupart, n’avaient pas une image positive de la sexualité ou ne savaient pas aborder ce sujet intime. Les filles n’ont pas été invitées à découvrir par elle-même le désir et le plaisir. A l’image d’une société assez puritaine, notamment en ce qui concerne la sexualité féminine. Même si 1968 est passé par là, tout n’est pas réglé.
La culture, la religion, l’éducation, la morale, les interdits, le patriarcat sont passés par là et laissent de profondes empreintes cognitives auxquelles il est nécessaire de se confronter pour ne retenir que ce qu’il a de bon pour nous. D’autres mythes ou croyances ont la vie dure tels que l’homme prédateur ou le prince charmant, ou encore celui que nous devons sauver (l’homme, le monde ?), au prix de notre propre liberté d’être. Enfin les charges domestiques subies ou au contraire surinvesties ou encore la maternité sont également à revoir en terme de positionnement, de place, d’organisation.
Je rencontre beaucoup de femmes ayant surdéveloppé leur rôle maternel au détriment de la femme en elle. Il convient de remettre les choses à leur place et de reclarifier les rôles.
L’érotisation du corps
C’est réhabiliter le droit au plaisir sensoriel, sensuel, sexuel. La jeune fille a rarement été invitée à s’explorer elle-même, au contraire des garçons dont le sexe apparent est à l’honneur. C’est prendre le temps et s’accorder la permission de découvrir et explorer son corps, pratiquer l’auto-érotisme, se procurer des sensations, du plaisir développer sa carte érotique, et la partager à l’autre. Sentir et ressentir ses besoins, ses envies, ses désirs. Accepter de se laisser déranger et traverser la gêne et la honte.
L’imaginaire érotique
Le cerveau est le 1er organe sexuel. Les pensées secrètent des neurotransmetteurs qui inondent notre être. Autant le plaisir, l’excitation que le stress ou l’angoisse. Penser au sexe et développer un imaginaire érotique c’est s’autoriser à désirer, à anticiper le rapprochement intime et s’y préparer. Oser regarder ce qui nous émeut et nous émoustille pour nourrir notre imagerie mentale, lire des BD, des livres érotiques, feuilleter des magazines et se laisser aller à la rêverie érotique. Loin des fantasmes romantiques, ou des romans à l’eau de rose, il s’agit de (re)mettre en marche les processus d’excitation, le désir et les entretenir.
En tant que sexologue et sexothérapeute, tout mon travail s’appuie sur ces 5 piliers à développer et à nourrir pour retrouver une liberté d’être en relation. Que ce soit en individuel, en groupe de femmes ou en stages, c’est ce chemin vers soi et vers sa propre féminité, passant par la prise de responsabilité et l’autonomie — mes leitmotive qui fondent ma pratique et ma posture.
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