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Selon certaines études effectuées par les sexologues (qui obtiennent des résultats très différents de ceux publiés par les médias), entre 1 à 10 % des femmes n’auraient jamais atteint l’orgasme. Mais elles sont cinq fois plus nombreuses parmi celles qui ne se masturbent pas.


Une dichotomie insensée

La dichotomie entre l’orgasme clitoridien et l’orgasme vaginal n’est plus vraiment aussi stricte qu’on a bien voulu le faire croire (merci, Dr Freud !). En effet, le clitoris dans son prolongement interne enserre le vagin et tous deux sont associés. Son extrémité accessible est très sensible. Il y a environ 8 000 terminaisons nerveuses dans ce petit centimètre carré protégé sous son capuchon (à ne soulever sous aucun prétexte). Le plaisir clitoridien est complet et total. Il se suffit à lui seul, les échos des stimulations se prolongeant jusqu’au cœur de l’utérus, via le vagin, qui se contracte rythmiquement lors de l’acmé.

Le vagin, pour sa part, est très peu innervé et donc, peu sensible aux frottements. Une pénétration en va-et-vient rythmés, répétitifs et rapides ne peut éveiller la sensibilité de ce vagin. Le vagin est plus sensible dans ses profondeurs, par pression et percussion (euh, sans aller jusqu’au marteau- piqueur). C’est pourquoi, au-delà de l’aspect médical, la rééducation périnéale est indispensable. Il est nécessaire que chaque femme apprenne à contracter et relâcher son vagin pour serrer le phallus qui le pénètre, ce qui permet en outre de stimuler le point G. Mais on fait tellement l’écho de cet orgasme vaginal que les cabinets de consultation entendent de plus en plus cette demande. «Papa» Freud, dans sa méconnaissance de la sexualité féminine (qu’il a reconnue à la fin de sa vie), a plongé nombre de femmes dans un grand désarroi (encore d’actualité) arguant que seules les femmes «matures » pouvaient jouir de la pénétration


Une sexualité encore méconnue

L’anatomie féminine est complexe et méconnue des hommes, comme des femmes. Il est encore des praticiens pour nier le point G (découverte par le Dr Gräfenberg), alors que l’on peut très bien sentir cette zone d’une texture différente du reste du vagin et dont les sensations, lorsqu’on le stimule par pression, sont fort différentes.

Le mythe de la femme fontaine n’est pas un mythe mais une méconnaissance de notre anatomie et de notre potentiel orgasmique. Nous avons une « prostate féminine », dans les tissus conjonctifs, qui émet un liquide – qui n’est en aucun cas de l’urine – dans certaines circonstances (souvent par stimulation dudit point G), liées ou non à l’orgasme, mais souvent significatives d’un grand lâcher-prise. Ainsi, nous sommes toutes potentiellement « fontaine »…


Un lâcher prise nécessaire et qui s’apprend

Quant à l’orgasme vaginal, cette forme de jouissance résulte d’enjeux plus complexes qu’il convient de démêler au cas par cas, mais où l’on retrouve souvent une mauvaise estime de soi et une faible confiance en soi, par conséquent dans l’autre également. Une image corporelle négative, une crainte de l’échec ou d’être anormale, la honte, une angoisse de perdre les pédales ou une culpabilité d’être emportée par le plaisir (au point parfois d’imaginer devenir accro), une insécurité dans la relation à l’autre (présente ou passée), un abus, un traumatisme ou une angoisse de mort.

L’orgasme, lui aussi, passe par un apprentissage ! Car lâcher prise ne se décrète pas, cela se situe en dehors de la volonté. En revanche, c’est un processus, un travail sur soi, cela s’apprend. Acquérir suffisamment d’estime de soi, de confiance en soi et en l’autre, pour lâcher le contrôle. Travailler sur soi et développer l’intimité et la connivence – d’abord avec soi – et apprivoiser l’autre, cet autre, différent, phallique, potentiellement « menaçant » ; car c’est dans la relation que l’on peut s’abandonner !

Extrait de « Sexualité féminine : vers une intimité épanouie » Carlotta Munier aux éditions du Souffle d’Or