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Devenir sexothérapeute ne s’improvise pas. A celles et ceux qui se réveille un matin et se disent « ah mais bien sûr, je vais devenir sexo », j’invite à se questionner sur ce qu’ils imaginent de ce métier, car c’est un métier bien réel et non un coaching pour apporter des techniques et saupoudrer pratiques et jeux coquins.

Je constate une nette augmentation des personnes qui s’adressent à moi pour s’inscrire à la formation de Praticien en Sexothérapie. Un peu comme un phénomène de mode ou une nouvelle vague sur laquelle on veut surfer pour aider les autres. Quoi de plus louable que d’aider les autres, en effet, et pourquoi pas en ce qui concerne la sexualité ? Mais quel est le sens de cette demande ? Et à quoi répond-elle ? Pour certains, il y a un vrai désir, ancré sur une pratique déjà installée, d’élargir ses compétences en intégrant un champ majeur et existentiel — mais largement sous-estimé, voire carrément ignoré des cabinets de thérapie. Pour d’autres, c’est une curiosité, une reconversion « vous comprenez, ça m’a toujours intéressé ». Certes…

Qui peut devenir Praticien en sexothérapie ?

Être sexothérapeute, c’est accompagner des personnes en souffrance. En réelle souffrance de désir, de plaisir, de ne pouvoir accéder à ce qui devrait être « normal ». C’est accompagner des personnes parfois en crise existentielle, crise révélée par un symptôme inconfortable ou douloureux. C’est accompagner des personnes en recherche, en quête, en réflexion, en transformation. Bref, vous l’aurez compris, cela ne s’improvise pas. Il est nécessaire d’être déjà dans l’accompagnement, pouvoir accueillir, entendre et accompagner des difficultés de différents ordres et pouvoir réellement amener des améliorations, réparations, évolutions, etc. Donc, être déjà thérapeute ou soignant. Cela nécessite des compétences thérapeutiques — l’écoute ne suffit pas, loin s’en faut —, des compétences en termes de psychopathologie, des qualités humaines, dont les moindres sont l’empathie et le respect de soi et de l’autre, de la curiosité, de l’éthique et du cadre, etc. Et de l’expérience. A nouveau, cela ne s’improvise pas. Donc, avis aux curieux de faire de l’argent sur le sexe, ce n’est pas ici que vous serez les bienvenus.

Dans un autre ordre d’idées, ce n’est pas un métier pour les jeunes diplômés de psycho, infirmier ou autre. En plus de la formation, cette posture nécessite que l’on ait déjà pris part à la vie, que l’on ait déjà vécu des expériences, été bousculé par des aléas, pris du recul, traversé des crises existentielles, etc. Il est nécessaire d’avoir une maturité conférée par l’existence elle-même. Ceci pour être suffisamment stable et crédible face aux clients.

Quel est le rôle du sexothérapeute ?

Notre rôle est d’abord d’accueillir des personnes qui vont venir nous livrer leur intimité. Et c’est déjà courageux de venir voir un.e inconnu.e pour livrer des confidences sur ce qui est au cœur du cœur, dans sa chair, son être, sa sexualité. Car au-delà de la dimension génitale, la sexualité parle, souvent à notre insu, de qui nous sommes vraiment et de parts de nous-même dont parfois nous ne sommes pas fier. Gêne, honte, peuvent surgir dans l’espace thérapeutique, notamment par rapport au génital. Ceci est délicat. Accueillir sans jugement, soutenir la parole qui se dévoile, les difficultés, les drames, les abus, et toutes les histoires plus ou moins sordides qui peuvent être déroulées, est un métier, une posture. Cela ne s’improvise pas. Puis, il y a aura à accompagner au plus près cette personne qui vient nous confier son intime, la questionner, la soutenir, la confronter, entendre et soutenir ses émotions, son découragement, ses succès, ses résistances, lui proposer des exercices, des expériences. Et être présent, toujours, tout au long de la démarche. Car en matière de sexualité, nous sommes confronté à tout cela, dans un périmètre particulier. Notre objectif est de permettre à la personne de vivre une sexualité de plus en plus épanouie, c’est à dire, au-delà même de la résolution du symptôme, l’accompagner à devenir responsable et autonome dans sa sexualité. Cela signifie pour le thérapeute, avoir déjà fait un bout de ce chemin pour soi-même.

Un sexothérapeute n’est pas un sexologue.

Il y a déjà à différencier le sexologue médecin du sexologue non médecin. Le sexologue médecin s’occupe de la santé sexuelle sur le plan organique et reproductif. Le sexologue non médecin s’occupe de la bonne santé sexuelle et mécanique des organes génitaux et peut accompagner et traiter certains troubles. Il est centré sur le symptôme. Le sexothérapeute, quant à lui s’occupe, certes du symptôme, mais surtout de la personne et de ce qu’elle dit à travers ce symptôme, en quoi parle-t-il de son histoire, de ses croyances, de ses expériences, de ses drames, de ses relations, de ses succès, de ses questionnements, de son être au monde. Sa posture est donc bien celle d’un thérapeute. Il n’agit pas sur l’autre, il est avec la personne et l’accompagne dans la résolution des troubles, mais il ne peut agir seul. C’est d’abord dans l’alliance thérapeutique qui se tisse progressivement que prend appui la résolution, et avec les outils qu’il met au service des difficultés à traiter.

Les troubles sexuels

La sexothérapie envisage la personne et sa sexualité dans ses difficultés comme dans son épanouissement. Et il envisage le trouble comme révélateur d’un problème, d’une situation, d’une crise qui concerne cette personne-là. Si certains troubles concernent un certain nombre de personnes, à chaque fois, le thérapeute l’aborde dans sa singularité et sa complexité. Aussi, que l’on ait une dysfonction érectile, une éjaculation précoce, une perte de désir ou une difficulté d’accéder à l’orgasme — pour ne citer que les troubles les plus courants — les seuls protocoles ne suffisent pas à la résolution, car la sexothérapie est une démarche multidimensionnelle et les troubles souvent multifactoriels. C’est cette complexité qui sera abordée en séance, en mettant l’accent sur l’unicité de chaque individu à accompagner.

Concrètement comment cela se passe ?

La séance est dans la majorité des cas en présentiel car c’est dans la relation que l’on construit ensemble — relation qui s’ancre dans un espace-temps défini et cadré — que la thérapie se réalise. Nul ne peut dire le temps que peut prendre une telle démarche. Mais la régularité des rencontres permet de soutenir un travail parfois délicat. La démarche envisage l’individu sur différents plans : la sexualité qui comprend le développement psychosexuel, l’histoire sexuelle, les comportements, le désir, la difficulté, son apparition, etc. Puis sont abordés l’état de santé, l’hygiène de vie, le contexte personnel (passé et présent), relationnel, professionnel, les grandes épreuves de la vie, les difficultés relationnels, les conflits… Les croyances, les représentations, les peurs, les principes… La relation à soi, à son corps, relation à l’autre, au corps de l’autres, les pratiques, l’imaginaire érotique… La dimension psychique et émotionnelle… Les besoins, les attentes… Nombres de points et items sont explorés au cours des séances pour comprendre ce qui se passe et proposer un accompagnement personnalisé. Bien évidemment, des exercices et protocoles à faire en cabinet ou chez soi seront proposés. Après, c’est à la personne de se saisir de tout ce qui est évoqué, proposé, pour cheminer en elle, entre les séances. Et parfois des résistances surgissent. Ce n’est pas magique, c’est une démarche qui demande motivation et curiosité. Sans cela, le sexothérapeute ne peut rien faire.

Les qualités indispensables du sexothérapeute

Ce qui nous est livré au secret de notre cabinet est délicat, sensible, intime, parfois honteux. Nous devons pouvoir tout entendre (cela ne veut pas dire que nous devons avoir tout fait ou réglé), sans jugement et contenir lorsque cela se dépose. Il est donc indispensable d’avoir fait un travail sur soi approfondi, afin d’être au clair sur sa propre sexualité et son désir d’accompagner les autres. Pouvoir être présent, corps, cœur et esprit avec les clients. Il y a à être présent par le regard, par la voix, par la qualité de présence à soi, ses sensations, émotions, ressenti. Présent dans le ton qui peut être doux ou plus tonique. Être suffisamment stable narcissiquement pour accueillir les confrontations ou découragements. L’ouverture et l’empathie sont donc des qualités plus qu’indispensable. Le sexothérapeute doit aussi être curieux. De la sexualité en général et de celle de ses clients en particulier. S’intéresser à l’autre et à comment il est qui il est et comment il fait ce qu’il fait est essentiel. Nous devons alors être un peu voyeur. Si nous sommes gênés par les propos, notre place n’est pas ici. A contrario, si nous sommes alléchés par les confidences et parfois par la dimension trash de ce qui nous est révélé, notre place n’est pas ici non plus. Ce métier n’est pas au service de nos propres fantasmes. Une juste distance est à trouver et s’affine au fur et à mesure avec l’expérience.

Quel statut pour le sexothérapeute ?

Cette question, qui m’est parfois posée, me surprend. Le praticien étant déjà praticien dans sa propre clinique dispose déjà d’un statut professionnel. Le métier de Praticien en Sexothérapie n’est pas reconnu en France, il n’existe pas de diplôme. Il y a des DU ou DIU en sexologie, mais ces diplômes, délivrés par les universités, ne confèrent aucun statut. La formation est une spécialisation et s’intègre dans une pratique déjà assise, un statut déjà existant.
Quant à la rémunération, il s’agit de tarifs fixés dans son propre cadre, tarif variant d’une région à l’autre, d’un public à l’autre. Pas d’indication sur ce point. Chaque praticien étant libre de fixer ses propres tarifs.

Voici déjà un certain nombre de points qu’il me paraissait important d’évoquer afin de nourrir les réflexions de celles.ceux qui souhaitent rejoindre cette belle aventure qu’est la sexothérapie. Notre métier est crucial et les demandes augmentent. Nous avons besoin de personnes compétentes et motivées, prêtes à s’engager dans un processus de formation conséquent et exigeant.

Nous poursuivrons cette série d’article en abordant plus concrètement en quoi consiste la formation de Praticien en Sexothérapie telle que proposée par l’IFFS.

Carlotta Munier
Directrice

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