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Au cours des siècles, le plaisir (qu’il soit masculin ou féminin) a souvent été nié, refusé, condamné… C’est tout un chemin de le réhabiliter. En théorie, c’est chose faite, mais dans notre réalité, même au XXIe siècle, il en va autrement…

Le désir est par essence irrationnel, indicible, magique, éphémère, indomptable, vivant. Le désir nous fait pétiller lorsqu’il est là ou crée un vide ou une amertume quand il s’endort, voire disparaît. C’est en fait la manifestation du vivant en nous. Le désir nous relie à la vie. Le désir, c’est la vie ! Le désir sexuel est simplement le désir d’avoir du plaisir sexuel. Voilà une question délicate, voire embarrassante… car elle touche à l’être lui-même. Nous sommes des êtres de plaisir, notre corps est conçu pour cela.

Avoir du désir pour soi

C’est encore simplement une idée (quand bien même elle apparaît) étrange, bizarre, voire taboue pour certaines femmes, d’avoir le droit d’avoir du plaisir. Quant à s’en procurer soi-même… le pas est souvent trop grand à franchir.

Pour une femme, s’accorder le droit de jouir passe par une intégration de son identité de femme et donc de son identité sexuelle. C’est un travail sur soi qui demande du courage, de l’audace, de l’engagement pour bousculer représentations, croyances, éducation ou réparer des drames. C’est un chemin d’estime de soi, de légitimité, de découverte et d’acceptation de notre potentiel érotique.

Le désir ne vient pas tout seul

Le désir (comme la sexualité) ne vient pas tout seul. Le désir spontané est rare, circonstanciel ou passionnel : nouvelle rencontre, événement particulier, période du cycle menstruel. Il peut parfois se nourrir de transgression ou de fantaisie, mais dans la vie, il n’apparaît pas souvent de manière « naturelle ». Souhaiter qu’il vienne automatiquement ou instinctivement quand on vit à deux, est une croyance qui a la vie dure ! C’est aussi un préjugé d’imaginer qu’on doit avoir du désir pour faire l’amour. En effet, il peut survenir pendant l’acte sexuel. « L’appétit vient en mangeant… ».

C’est aussi une illusion d’espérer qu’il va renaître tout seul. En revanche, le désir se crée, se prépare, s’invoque, se provoque, se convoque, s’entretient, se cultive, se nourrit, se réinvente. Comme un feu, il demande à être nourri, non pas par le manque, mais au contraire par son évocation, sa préparation et sa réalisation régulière.

Le désir est la prise de conscience d’un élan que l’on ressent, au creux de soi. Le plaisir, la satisfaction de cet élan. La jouissance, la satisfaction que l’on goûte pleinement. L’orgasme, le plus haut point du plaisir.

Le désir et le plaisir sont accessibles aux curieuses et aux exploratrices. Alors, partez en voyage et découvrez ce merveilleux continent !

Ne pas avoir peur du désir

Parfois le désir fait peur à certaines femmes. « Et si j’avais du désir, beaucoup de désir, que se passerait-il ? C’est comme si je lâchais un fauve en liberté, une bête affamée, libre et potentiellement destructrice… » Une puissance dévastatrice et infinie, longtemps condamnée par l’Église.

Le désir féminin peut aussi faire peur à l’homme. Peur d’être envahi, englouti, dévoré. Peur de ne pas être à la hauteur, de ne pouvoir satisfaire cette femme puissante et potentiellement insatiable… Qu’est-ce que cela vient éveiller en lui de son histoire, de sa culture, de ses représentations ?

Les sources du désir

Le désir spontané étant rare, voire capricieux, il nous appartient de le susciter. Les sources du désir sont multiples, variées, diverses, irrationnelles, irraisonnées, étranges, transgressives… Le désir féminin naissant au creux d’elle-même, il appartient à chacune de découvrir et connaître ce qui peut attirer son regard, lui plaire, l’émoustiller, la faire frémir… Poser un regard « vierge » sur son homme, dépourvu de projections et d’interprétation, susciter les souvenirs des premiers moments, s’attarder sur une partie de son corps qui l’a fait vibrer en son temps.

Regarder et se laisser regarder par d’autres hommes, d’autres femmes. Savourer un instant ce moment magique d’un bref mais intense échange de regards avec un inconnu, dans la rue ou ailleurs. Se laisser aller à se promener en captant toutes les sensations et les ressentis au présent.

Créer une ambiance agréable à la maison, ajouter des couleurs chaudes, allumer des bougies. Sentir son compagnon, promener son nez dans tous les coins et recoins, aspirer profondément son parfum. Se remémorer des moments de plaisir, se préparer à la rencontre…

 

Extrait de Sexualité féminine : vers une intimité épanouie de Carlotta Munier aux éditions du Souffle d’Or

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