Le métier de sexothérapeute, dont le périmètre est la sexualité humaine, est complexe et requiert savoirs et savoir-être. Voici pourquoi on ne devient pas sexothérapeute en un WE de 4 jours!
Sexothérapeute : un métier d’accompagnement
Les sexualités, devrait-on dire, car on la conjugue au singulier, chaque individu étant unique dans son identité, sa construction, ses représentations, ses ressentis, ses émotions, son histoire, ses relations — avec son cortège de pratiques, de bizarreries, de violence, d’absurdité, de folie, de tentatives, d’essais, de réussite, de joie, de larmes, de rencontres, etc. Une complexité qui est la raison même pour laquelle la formation proposée par l’institut est une spécialisation. Nous formons des personnes qui sont déjà en exercice dans leur propre pratique. Il est en effet indispensable d’avoir déjà une expérience de l’accompagnement des êtres, de la thérapie, du soin, des connaissances en sexologie, en psychologie et en psychopathologie. En effet, il s’agit justement de personnes qui nous révèlent le cœur de leur être, avec lesquelles nous tissons une relation thérapeutique et non de techniques ni de protocole à appliquer.
Avant tout une posture
Vous l’aurez compris en lisant l’article « Pourquoi devenir sexothérapeute? », que le métier de sexothérapeute est avant tout une posture. Celle de l’accueil, de l’ouverture, une façon d’être thérapeute qui permet à la personne de se déposer en se sentant respectée dans son intimité. C’est se laisser toucher et recevoir avec amour, considération, tendresse même, les confidences que la personne nous livre de son mal-être, sa difficulté, sa gêne ou sa honte.
Ici, en tant que professionnel, nous devons être curieux, sans voyeurisme déplacé. Notre travail est de nommer, montrer, expliquer, sans exhibition. Nous invitons sans être directif et suivons le rythme tout en devançant de quelques pas. Il nous fautcontenir sans contraindre, accompagner sans faire à la place, prendre soin sans prendre en charge.
Le futur sexothérapeute doit avoir travaillé sur soi
Sans avoir tout réglé, il y a à être au clair sur nos représentations, nos valeurs, notre éthique, notre ouverture, nos jugements. Car dans un cabinet de sexothérapie, nous appelons un chat un chat et il n’est pas possible de faire la moue lorsqu’une personne ose partager ses fantasmes ou expériences les plus trash, ni faire montre de dégoût ou de suffisance. Nous devons aimer nos clients et les considérer dans leurs spécificités car, rappelons-nous, notre sexualité révèle, à notre insu, qui nous sommes vraiment et les difficultés, la meilleure façon que nous avons trouvé d’avancer dans la vie. Mais ce métier requière également d’acquérir un corpus conséquent relatif à la sexualité humaine — sujet vaste, infini et toujours en mouvement — ses troubles et les possibilités d’accompagnement. Nous vous proposons une série d’articles sur la formation en sexothérapie.
Le contenu de la formation IFFS
La formation telle que proposée par l’Institut répond à plusieurs objectifs, à savoir :
- Adopter et ajuster une posture professionnelle spécifique dans la relation thérapeutique avec le client
- Construire une relation thérapeutique
- Acquérir un corpus de connaissances sur la sexualité humaine et la sexologie
- Dresser un tableau clinique et élaborer des hypothèses
- Co-construire un accompagnement personnalisé avec méthode
Je vais décliner ces objectifs dans différents articles en expliquant en quoi cela consiste, ce qui est attendu du praticien et par conséquent développé dans la formation. Vous pourrez ainsi avoir une idée plus précise de l’ampleur de la formation et d’une bonne partie des sujets qui y seront abordés. Vous comprendrez ainsi en quoi l’expérience acquise précédemment devient un socle solide d’intégration de cette matière dense, complexe et étonnante. Au service, toujours, des personnes que nous accompagnons. Et toujours dans une éthique que nous voulons irréprochable.
Formation en présentiel ou distanciel?
On me pose régulièrement la question si cette formation peut être réalisée en distanciel. La réponse est clairement non. La relation thérapeutique telle que je la pratique et la propose dans les formations nécessite cette présence. Une présence humaine et réelle qui accueille, contient, rassure et permet à une intimité de se créer, socle de la relation thérapeutique. Cette présence dans la relation étant thérapeutique justement. La formation emprunte le même processus, le groupe se crée au fur et à mesure des regroupements et des partages. Les échanges et les dévoilements permettent aux stagiaires de se rencontrer et de tisser une forme d’intimité propice à l’intégration de la matière. De plus, les regroupements en présentiel permettent de pratiquer un certain nombre d’exercices essentiels dans notre pratique, sur place. Ainsi, dans la mesure où les stagiaires les expérimentent d’abord sur eux, ils pourront les proposer à leurs propres clients. Des simulations et expériences ne peuvent se faire qu’ensemble, dans le même espace partagé (non virtuel) et enfin, rien ne remplace le partage d’expérience dans le vivant de la rencontre.
La supervision, en revanche — indispensable à notre pratique et faisant totalement partie de la formation — peut être réalisée en distanciel. Nous reviendrons sur ce sujet dans un autre article.A la suite de cette série d’article, nous entrerons plus précisément sur l’accompagnement en tant que tel en abordant des points théoriques, des outils, des pratiques, des situations.
Bon voyage.
Carlotta Munier
Directrice
Autrice de 3 livres publiés aux éditions du Souffle d’Or
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