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Hormone masculine par excellence, la testostérone a un impact sur le comportement des hommes. Devez-vous pour autant en rester victime ou pouvez-vous agir pour changer?

La sécrétion de la testostérone se déclenche chez l’embryon mâle. Sécrétée par les cellules de Leydig (dans les testicules), elle permet entre autres le développement des organes génitaux masculins mais également toute la construction du squelette masculin, les caractères sexuels primaires et secondaires, jusqu’à la structuration cérébrale. Les hommes sont donc fortement impactés par la testostérone.

Nos différences sont source de quiproquos, d’incompréhension, de méconnaissance, de projections, d’interprétation, de conflits comme de découvertes, d’enrichissement, de complémentarité, de partage. Et vous ne pensez pas de la même façon que nous. Mais cela n’est pas une prédestination. Si le cerveau pense, analyse et crée des réseaux selon la façon dont il est utilisé, il a une très grande plasticité. C’est pourquoi il apprend, il se modifie et évolue tout au long de la vie. Car nous sommes tous des humains dotés d’un corps (avec des sensations et des ressentis), d’un cœur (avec des émotions) et d’un cerveau (qui pense, imagine et rêve) qui se développe sans cesse.

En fait, cette différence n’est pas liée à la génétique (à savoir le chromosome Y, porteur de gènes permettant, entre autres, la différenciation), elle est hormonale. Les hommes ont entre dix à cent fois plus de testostérone que les femmes. Cela veut-il dire que c’est pour cette raison que les femmes auraient moins de désir ? Non, les femmes n’ont pas moins de désir.

Petit détour au pays de la femme et de son désir.

Les hormones ont un effet sur le désir féminin, pour partie. Les œstrogènes ont le même rôle stimulant que la testostérone (que nous sécrétons également dans une moindre mesure). Et la progestérone un effet inhibant. C’est la raison pour laquelle la contraception chimique (la pilule) peut impacter et diminuer la libido. La femme, à l’écoute de ses cycles pendant des décennies peut sentir les moments où elle a davantage de désir et même la couleur, la nature de son désir. D’ailleurs si le désir féminin ne dépendait que de ses hormones, après la ménopause, ce serait fini, heureusement, il n’en est rien !

Le désir de la femme dépend des sentiments, de la relation, de l’attitude de l’homme, de l’admiration qu’elle lui porte, de sa « dégaine », de son agressivité phallique, de sa tendresse, de son écoute…

Avec l’âge et la maturité, l’homme développera également ces dimensions émotionnelles et relationnelles dans sa sexualité. En effet, son corps répondant moins spontanément – son taux de testostérone diminuant – il utilisera d’autres moyens.

La testostérone est-elle l’hormone de « l’Homme »?

C’est l’un des principaux moteurs à l’action, à la réalisation des projets, à la conquête et la guerre, à la défense, à la séduction et à l’initiative du rapport amoureux. C’est l’énergie sombre du guerrier. Pour information, même si on ne le dit pas de manière claire dans les contes, le prince charmant est un chevalier, un combattant, un guerrier. Il a une épée et fait face aux dangers.

Chaque homme, de par sa nature masculine, sent un besoin, un mouvement, une impulsion, une énergie puissante qui le pousse à agir, à combattre, à se fatiguer. Rappelons- nous que l’homme primitif est un chasseur et que la biologie l’a « programmé » pour déployer cette énergie.

Quel que soit son chemin, il ne peut nier l’impact de la testostérone qui anime cet animal sauvage en lui. Mais selon son éducation, il aura appris à le canaliser (sport, compétition, combat, arts martiaux). À le refouler (parce que non admissible) ou à se laisser submerger par lui (passage à l’acte, violence).

La question est de réhabiliter cette énergie brute, primitive, celle du sauvage et du tueur, potentiellement destructrice, afin que l’homme prenne la responsabilité de la mettre au service de sa vie, voire des autres (de l’amour ?), qu’il se sente humain, entier et puissant.

Des rituels pour devenir Homme

C’est là tout le sens des rituels initiatiques de sortie de l’adolescence des peuples primitifs. Ces rituels, conduits par les hommes de la tribu, visaient à confronter les jeunes à la souffrance (principe de réalité), à la dureté de la vie (et son corollaire, la mort). Au passage d’un état à un autre (initiation signifie passage), tout en proposant un cadre, un contenant. Ils s’attachaient à permettre au jeune de trouver ses propres ressources et à ressentir sa puissance et sa vulnérabilité. Profondément terriens et physiques, les rituels mettaient l’adolescent en contact avec ses sens, son corps, le monde, la Terre, l’univers, le sacré.

Enfin, ces rites séparaient définitivement l’enfant qu’il avait été (fils de sa mère) de l’adulte en devenir en mettant du cadre et des limites à la toute-puissance infantile. Ainsi, il devenait un homme accueilli parmi les hommes, un homme autonome qui se contient, qui s’autorégule, qui crée, qui agit, qui prend ses responsabilités. Un homme qui peut vivre dans et au service de la communauté.

Aujourd’hui, les rituels ont disparu, même le service militaire. Il ne reste guère que quelques épreuves (permis de conduire, diplômes). Mais les jeunes, percevant au fond d’eux un besoin irrépressible de confirmation de leur propre changement intérieur, extérieur et identitaire, autant que l’expression de leur impulsivité, ont adopté d’autres attitudes. Ils s’initient désormais lors de virées, bizutage, conduite à risque (consciente ou non), gangs, viols, violence (auto-infligée ou sur autrui) et délinquance.

Canaliser les débordement de la testostérone

Cependant, ayant perdu le sens profond de l’initiation – dont la confrontation au principe de la réalité – parce qu’il (le sens) n’a pas été transmis, ces actes vont davantage nourrir un sentiment narcissique de toute-puissance, d’ivresse ou de violence. À contrario ils peuvent nourrir des désirs de soumission, de retrait voire de honte, jusqu’au suicide parfois. Tant qu’aucun adulte, aucun homme n’est présent ni admis pour poser la limite, la loi, contenir et canaliser les débordements dus à la testostérone…

Vous, les hommes d’aujourd’hui, vous avez la responsabilité de mettre en place quelque chose pour accompagner les adolescents, vos fils, pour qu’ils deviennent des hommes, en créant des moments, des échanges, des groupes, des camps, etc. Dédiés à la parole, au partage, à la transmission et à l’apprentissage de la régulation. Leur identité, leur avenir (et celui de tous) est à ce prix.

Un peu de mythologie…

L’appellation « arts martiaux » vient de martial, de Mars, le dieu romain de la guerre (après avoir été celui de la végétation, de la nature génératrice et de l’agriculture). Symboliquement, Mars représente le combat et la force, mais également le courage, la discipline, la maîtrise de la peur, le respect de l’adversaire, le code de l’honneur. C’est ce que nous retrouvons dans les arts martiaux. Dans la mythologie, Mars guerrier prend tellement d’importance (par rapport à la fondation de Rome), qu’il va même éclipser Jupiter. Mars est beau, Mars brille, Mars est glorieux. Les Romains ont d’ailleurs donné son nom au mois qui voit arriver le printemps, porteur d’une énergie renouvelée, de fraîcheur, d’amour. C’est ainsi que Vénus (déesse de l’amour) sera séduite par la vitalité de Mars dont elle adoucira, calmera sa nature guerrière. Ces amants étranges (la guerre et l’amour) donneront naissance à l’harmonie. Cette mythologie ne signifie-t-elle pas que l’homme a à accueillir et à honorer sa puissance, son énergie primitive ? À la dompter, à la canaliser et à la mettre au service de l’amour pour qu’advienne l’harmonie ? Ce couple mythique donnera également naissance à Cupidon (ou Eros), dieu de l’Amour…

Mars en astrologie, c’est la planète de l’énergie, de la conquête, de l’action, de l’envie de découverte et de l’instinct guerrier. C’est une force brute, un désir, une fougue qui poussent chacun à sortir et aller à la rencontre du monde. Cette planète, dans le thème astral, représente le masculin ainsi que l’enthousiasme, l’ardeur et l’affirmation de soi.

Oui, les hommes viennent bien de Mars !

Extrait de La Sexualité masculine : puissance et vulnérabilité de Carlotta Munier aux Éditions du Souffle d’Or