La performance est un piège pour votre sexualité. Sortez de cette exigence et osez la vulnérabilité, l’écoute, la douceur…
Non ! Vous n’êtes pas une machine!
J’ai rencontré bon nombre d’hommes qui ne pouvaient avoir une sexualité que s’ils étaient dans une relaion. Ils aiment prendre leur temps, savourer le plaisir de sens, des sensations, la volupté, la sensualité. C’est parce qu’ils ont reconnu et accepté leur vulnérabilité qu’ils le peuvent. Ils sont sortis d’une vision mécanique et mécaniste de la sexualité masculine et ont accédé à une forme bien plus épanouissante que le registre « plan cul », prostitution, pornographie ou marteau-piqueur…
Entrez en relation avec votre partenaire
Pour la plupart des hommes aujourd’hui, la sexualité est importante lorsqu’elle se vit dans le cadre de la relation.
Je préfère de loin être en relation tendre et complice qu’un simple “plan cul”. J’ai eu autrefois des relations uniquement sexuelles mais je ne conçois plus ces relations sans un minimum d’intimité et de partage, privilège de l’âge sans doute…
Oui, le contexte de la relation est indispensable à ma sexualité. Non, pas de plan cul, aujourd’hui, dans mon mode relationnel.
Osez l’intimité
Vivre sa vulnérabilité dans la sexualité, c’est accepter d’être présent, entier, dans l’intimité, la relation, l’instant présent avec l’autre. Regards, paroles, lenteur.
La vulnérabilité? Depuis que je suis thérapeute, j’ai fait de grands voyages de conscience entre puissance et vulnérabilité. Pour faire court, je dirais que ne voulant plus revivre ces moments fondateurs où enfant vulnérable, je recevais tout d’elle, je me suis construit une personnalité de “pouvoir”. Personnalité de contrôle. Type macho. Petit macho, patriarcal, mec, distant par rapport au trop féminin. Aujourd’hui, j’ai compris, vécu et souvent intégré que c’est l’accueil de sa vulnérabilité qui donne du pouvoir aux hommes. Le pouvoir “d’être dans son pouvoir” qui est très différent de celui “d’être dans le pouvoir.
N’ayez pas peur de votre vulnérabilité
Oui, l’homme peut être viril dans la lenteur. Cette forme permet de tisser sécurité et confiance qui nourrissent le lien et, ce faisant, l’audace et l’exploration, car la sexualité s’apprend tout au long de la vie.
Ayant été blessé par l’échec de deux longues relations, je pense faire face à une peur de l’intimité par crainte d’être meurtri de nouveau.
Cela est de moins en moins vrai, mais il y avait pour moi danger “mortel” à me dévoiler dans mon intimité et dans ma vulnérabilité, avec un écho dans la vulnérabilité de ma partenaire !
Prenez le temps d’aimer
Une relation sexuelle où l’on crée un espace, où l’on prend le temps de se regarder, de se caresser amène une fluidité qui s’installe dans le corps. Le corps se détend, entre en confiance et l’érection vient d’elle-même, le sexe étant le prolongement de l’homme connecté à lui-même et non plus un outil, un objet soumis à l’excitation et la pulsion. À noter que si l’homme est avec une femme qui veut aller vite, cela peut le couper de son ressenti, de ses sensations, de sa détente, car il ne peut prendre le temps de se connecter à lui-même. Il risque alors une perte d’érection ou une éjaculation trop rapide.
Empruntez le chemin de la puissance masculine
Traverser ses peurs, prendre le risque d’être présent, d’ouvrir son cœur et d’être vulnérable, c’est à ce prix qu’il va connaître sa vraie puissance et la mettre au service de sa sexualité. La puissance étant un corollaire de la vulnérabilité.
Non, je n’ai pas peur de l’intimité, ni de la vulnérabilité. La peur, qui pourrait surgir, est toujours la peur universelle de ne plus être aimé.
Donnez-vous le droit d’être aimé
En fait, l’homme est très friand d’amour et de relation partagée.
Oh que oui ! Mais je dois souvent faire face à la violence que les femmes que je rencontre ont elles-mêmes subie de la part des hommes, qui se trouve particulièrement activée face à la puissance masculine que je représente à leurs yeux. Je porte le fardeau de la violence des hommes en général, mais je sais aujourd’hui que je ne suis pas “les hommes”.
Je ne suis pas certain de m’en être donné le droit ! J’ai en mémoire un moment de légèreté où j’ai eu envie de dire : “Laisse aller à la douceur des choses”. Or, ce qui est venu m’a effrayé, car je me suis entendu dire : “Laisse aller à la douleur des choses”. Il est probable qu’une de mes croyances fondamentales dans la vie soit en lien avec cette incapacité à être heureux.
Osez la tendresse
Lorsqu’il vit cela, la sexualité – sans devenir secondaire – est moins prégnante, moins pulsionnelle ou frustrante lorsqu’elle s’espace, et crée moins de tensions, car la tendresse et les attentions nourrissent autant. Quand la sexualité devient moins fréquente ou satisfaisante, c’est le plus souvent cela : l’amour, la tendresse, la présence, le partage qui manquent et non l’excitation. Sur ce point, il semble qu’hommes et femmes soyons égaux. Pour autant, l’homme doit faire preuve de discernement entre une forte demande sexuelle et une forte demande d’amour.
Dites-lui ce que vous avez sur le coeur
Cependant, l’homme est souvent en difficulté pour communiquer, il ne sait exprimer ses sentiments, il ne sait faire des demandes et la femme ignore qu’il a besoin de tendresse, d’amour, de câlins, de caresses. La première attente de l’homme est d’aimer et d’être aimé ! Cependant, pour être amoureux, il a une deuxième attente : des relations sexuelles régulières… Il ne comprend pas qu’une femme accepte la relation amoureuse et refuse l’acte sexuel. Pour lui, faire l’amour est essentiel. Mais s’il veut que ses désirs soient comblés, il doit aussi répondre aux attentes principales de sa compagne : se sentir aimée, connaître une bonne relation, partager l’intimité, assurer la sécurité. Aimer un être, ce n’est pas seulement brûler de le posséder, c’est surtout souhaiter et permettre qu’il s’épanouisse…
Osez demander
L’homme doit apprendre à faire des demandes qui reposent sur des besoins et non des pulsions. Pour le coup, faire des demandes relève des deux polarités. Faire une demande passe par ressentir le besoin (polarité féminine) puis par le nommer, c’est un mouvement d’aller vers l’autre, en posant une parole, qui relève de la polarité masculine. Faire une demande ne signifie pas qu’elle sera comblée. Mais l’homme, faisant ainsi expression de qui il est, dans son besoin, en le verbalisant, peut déjà se sentir puissant.
Soyez juste avec vous-même
Demander n’est ni quémander ni exiger. Quémander met dans une position d’infériorité et confère un énorme pouvoir à l’autre. Exiger n’est pas recevable dans une relation d’altérité, car c’est une prise de pouvoir sur l’autre. Demander, c’est être juste (justesse et au plus proche de) avec soi et l’exprimer. C’est la meilleure façon d’être reçu et entendu. Demander, c’est également pouvoir accueillir un « oui » comme un «non ». Le «non » étant posé à la demande à cet instant, et «non » à vous-même, en tant qu’homme. Reste à entendre et gérer votre frustration s’il y en a une. Mais en osant demander tout en vous sentant capable de recevoir un «non » diminue d’emblée la charge émotionnelle et la frustration qui pourrait en découler. Testez…
Extrait de Sexualité masculine : puissance et vulnérabilité de Carlotta Munier aux Éditions du Souffle d’Or.
D’autres articles sur ce thème :
Les hommes sont-ils victimes de leur testostérone?
Pourquoi certains hommes se taisent ?
0 commentaires